Avec notre envoyée spéciale à Bruxelles, Anastasia Becchio
Matteo Renzi a vu rouge à Bruxelles : « L’Europe n'est pas qu'une affaire de budgets, ce n’est pas l'Europe que nous avions imaginée à Rome en 1957. »
Mais c’est l’autre camp qui l’a emporté, celui qui ne voulait pas entendre parler d’obligation pour les Etats d’accueillir des réfugiés, contrairement à ce qu’aurait voulu la Commission européenne. Les discussions ont été houleuses. Elles ont duré près de 7 heures pour s’achever en plein cœur de la nuit à 3 heures du matin.
Les Vingt-Huit ont fini par se mettre d’accord sur un système de répartition volontaire avec pour objectif d’accueillir 60 000 réfugiés en deux ans, dont 40 000 déjà présents en Italie et en Grèce, et 20 000 autres qui ont fui la guerre dans des pays non membres de l’Union européenne comme le Liban.
La Hongrie et la Bulgarie seront exemptées. La première avait qualifié le plan de la commission « d’absurde » et la deuxième est l’un des Etats membres les plus pauvres.
« Effort modeste »
Un plan à l’ambition modeste, regrette le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker : « Vu l’ampleur du phénomène qui est celui des réfugiés, donner une perspective de vie à 60 000 personnes en fait est un effort, disons-le en toute quiétude, modeste. Et que nous mettions des heures à nous mettre d’accord sur le système à appliquer prouve à l’évidence que l’Europe n’est pas à la hauteur des ambitions qu’elle déclame à chaque occasion lorsqu’elle s’exprime vers l’extérieur. »
Un plan modeste certes, mais il reste maintenant, selon le président du Conseil européen Donald Tusk, à chiffrer la répartition de ces migrants.
Propositions chiffrées
Et ce ne sera pas une mince affaire. Beaucoup va dépendre de la bonne volonté de chacun des Etats membres qui doivent avoir présenté leur proposition chiffrée d’ici fin juillet, c’est-à-dire qu’elles doivent annoncer le nombre de demandeurs d’asile qu’ils seront prêts à accueillir. Les ministres de l’Intérieur en discuteront déjà les 9 et 10 juillet à Luxembourg. Rien ne permet de dire pour le moment que le chiffre final sera égal à 60 000.