Crise grecque: l'Eurogroupe se sépare encore sans accord

Les ministres des Finances de la zone euro étaient réunis ce jeudi une nouvelle fois à Bruxelles pour une rencontre extraordinaire pour parvenir à un accord. Sans succès. Or le temps presse. Athènes doit rembourser au 30 juin plus d'un milliard d'euro et demi au FMI. Sans accord, l'Union européenne ne débloquera pas de nouvelle tranche d'aide à la Grèce. Une autre réunion de l'Eurogroupe est prévue samedi matin.

Pour la troisième fois de la semaine, les ministres des Finances de la zone euro se sont quittés sur un constat d'échec. De façon diplomatique, ils soulignent que les négociations ont été intenses. Pour le président de l'Eurogroupe, l'écart entre les positions grecques et celles de ses créanciers est encore trop large. Mais pour Jeroen Dijsselbloem, la porte n'est pas fermée. Athènes peut toujours accepter les propositions sur la table.

Cette nouvelle impasse ne semble cependant pas inquiéter le ministre grec des Finances. Yanis Varoufakis veut poursuivre le travail pour parvenir à une solution valable pour toutes les parties.

L'Eurogroupe pourrait donc se réunir une nouvelle fois cette semaine. Son président estime cette rencontre possible samedi. Le temps de laisser aux chefs d'Etat et de gouvernement de reprendre la main dans ce dossier pendant le sommet. Mais cette suspension n'est pas sans risque. La date butoir du 30 juin se fera encore plus pressante et le risque de défaut de paiement plus grand.

Des dirigeants partagés

Ce nouvel échec a provoqué des réactions diverses chez les dirigeants européens réunis en sommet, rapporte notre envoyée spéciale à Bruxelles, Anastasia Becchio. Le président du Conseil européen Donald Tusk s'est voulu optimiste. Il estime qu’un « happy end » est en vue, même s’il reconnait que les discussions promettent d’être encore très longues. Le principal concerné, le Premier ministre grec Alexis Tsipras, a lui quitté le bâtiment de la Commission avec le sourire et en levant le pouce, mais sans faire de commentaires.

À l’opposé, la chancelière allemande estime que les progrès nécessaires n’ont pas encore été faits. Selon des sources européennes, Angela Merkel a prévenu que son pays n’accepterait aucun « chantage » de la part d’Athènes. Les Allemands montrent peu d’empressement à discuter d’un point très sensible, l’allègement de la dette grecque. Ils estiment que les Grecs doivent d’abord prouver qu’ils tiennent leurs engagements.

« Le financement doit faire partie du compromis », a pour sa part affirmé François Hollande. Pour le président français, un accord est possible et nécessaire, mais la Grèce n’a plus beaucoup de temps. Il faut que le dossier puisse être bouclé d’ici la fin de la semaine, pour que les députés grecs aient le temps de voter d’ici mardi. En attendant, la Grèce va sans doute figurer au menu du dîner des chefs d’Etat et de gouvernement européens ce soir à Bruxelles. « On est au bord du gouffre, résume un négociateur européen. Le tout est de ne pas faire un pas de trop. »

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