Italie: le «plan B» de Matteo Renzi sur le dossier des migrants

Alors que les ministres de l’Intérieur des pays de l’UE se rencontrent ce mardi 16 juin à Luxembourg pour discuter de l’éventuelle répartition de 40 000 réfugiés arrivés en Grèce ou en Italie, Rome ne cesse de hausser le ton. Le bras de fer entre l’Italie, qui réclame davantage de solidarité, et la France, qui ne veut pas dévier de sa ligne de fermeté, s’est d’ailleurs durci au cours des dernières heures. Le président du Conseil, Matteo Renzi, a même dévoilé en partie son fameux « plan B » qui pourrait être mis en œuvre si le « plan A » - autrement dit l’aboutissement à une entente au sein de l’UE - échouait.

De notre correspondante à Rome,

Pour mettre un peu plus la pression sur ses partenaires, le chef du gouvernement italien dégaine un « plan B » si jamais il n'y avait pas d'accord entre les différents partenaires européens. Et celui-ci pourrait considérablement accentuer les tensions pour deux raisons principales. Rome menace de ne plus autoriser les unités navales, engagées dans la nouvelle mission Frontex en Méditerranée à accoster dans un port italien, après avoir secouru des migrants dans les eaux internationales.

Un navire battant pavillon français devrait donc transférer en France les migrants récupérés, quelque soit leur nombre. Par ailleurs, comme le fit le gouvernement Berlusconi, en avril 2011, pour les milliers de migrants tunisiens qui ne voulaient pas rester en Italie, l’exclusif Renzi envisage de délivrer des permis temporaires aux demandeurs d’asile. Ce qui leur permettrait de passer les frontières et circuler en Europe.

Le ton monte

Matteo Renzi hausse le ton pour convaincre ses partenaires sur la nécessité d’une Europe qui se montre plus unie sur le délicat sujet des migrants. Mais l’Italie est-elle prête à faire, elle-même, des efforts pour renforcer les contrôles et mieux gérer ses centres d’accueil ? Le gouvernement italien assure qu’il assumera sa part de responsabilité. Et il se dit prêt à renforcer les contrôles en mettant en place des centres d’accueil et d’identification, permettant de distinguer les migrants économiques irréguliers des demandeurs d’asile. C'est ce que demande le ministre de l’Intérieur français Bernard Cazeneuve.

Les migrants économiques feraient l’objet de rapatriements urgents par charter. Pour cela, Rome entend négocier des accords bilatéraux, comme elle l’a fait avec l’Égypte, Le Maroc le Nigeria et la Tunisie. Ces accords concerneraient notamment la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Bangladesh. En échange, l’Italie fournirait du matériel et organiserait des cours de formation pour les forces de l’ordre des pays signataires. Enfin, concernant la Libye, Rome sait très bien qu’elle ne peut pas agir seule.

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