Avec notre bureau de Bruxelles,
Le ballet diplomatique est incessant. Jeudi 11 juin, le Premier ministre grec Alexis Tsipras rencontrait à nouveau le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, et les négociateurs du Fonds monétaire international (FMI), lassés, regagnaient Washington.
Hier vendredi, entretien téléphonique entre Alexis Tsipras et Jean-Claude Juncker. Et les hauts fonctionnaires des ministères des Finances des 19 pays de l’Eurozone, réunis en Slovaquie, ont reconnu s’être penchés sur trois scenarii : un accord dans les jours qui viennent ; la prolongation de trois à quatre mois du programme de soutien international ; et le défaut de paiement de la Grèce le 30 juin.
Et ce samedi, une nouvelle délégation grecque de niveau ministériel porteuse de « nouvelles propositions » dit-on - sans que l'on en connaisse le contenu -, doit donc arriver à Bruxelles.
Contexte différent
Mais le contexte a changé. L'hypothèse d'un défaut de paiement de la Grèce, c’est-à-dire la faillite de l’Etat hellénique, est maintenant sérieusement envisagée. Cette idée est dans tous les esprits et dans toutes les conversations depuis de longs mois, mais c’est la toute première fois qu’une instance officielle envisage cette éventualité et le fasse savoir.
Il y a cependant une nuance entre cette faillite d’une part et la sortie pure et simple de la Grèce de la zone euro. Il n’est pas impossible en effet d’imaginer une suspension provisoire de la participation grecque, assortie notamment d’un contrôle de l’exportation des capitaux.
Ceci ne pourrait se concevoir qu’au prix d’une mise sous tutelle internationale directe des leviers de la puissance publique grecque. Or il n’est pas sûr que la classe politique du pays y soit prête. A tout prendre, accepter les conditions actuelles des créanciers constituerait une humiliation moindre.
Fuite des capitaux et menace de « Grexit »
Si elle ne parvenait pas à rembourser 1,6 milliard d'euros au FMI d'ici fin juin, la Grèce serait en défaut de paiement. Une situation qu'a connue l'Argentine en 2001 et même les Etats-Unis pendant quelques jours avec le « shutdown » de 2013. Mais on ne peut pas parler de faillite, car contrairement à une épicerie, on ne peut pas organiser la liquidation d'un pays et son transfert à un repreneur.
La conséquence pour la Grèce serait une fuite des capitaux, imposant un contrôle des retraits afin d'éviter l'effondrement des banques. Les flux financiers en provenance de la zone euro s'interrompraient et il faudrait entreprendre de renégocier la dette, dont 70 % est détenu par des organisations internationales et des Etats.
Cela ne signifierait pas nécessairement une sortie officielle de la zone euro, le fameux « Grexit ». Mais cela pourrait y conduire insidieusement, car faute de pouvoir retirer des euros ou s'en servir dans leurs transactions, ni obtenir de crédit, les Grecs n'auraient de fait plus accès à la monnaie unique.