En parcourant la Pologne, on se rend compte à quel point un changement historique s’est opéré dans l’agriculture polonaise ces onze dernières années. Et pourtant, les agriculteurs constituaient le groupe social le plus eurosceptique avant l’adhésion. Dans leurs cauchemars, ils voyaient déjà le marché national noyé sous les produits européens bon marché, ce qui, selon eux, allait provoquer la faillite de leurs exploitations, celle des coopératives laitières ou encore des usines de transformation de viande.
L’agriculteur polonais, toujours eurosceptique ?
Aujourd’hui c’est, sans doute le groupe dont le niveau de vie a le plus changé sous l’impulsion des aides européennes. Un changement générationnel s’est opéré. Les jeunes s’installent à la campagne et les agriculteurs polonais sont les plus jeunes dans l’Union européenne. Selon l’Agence de la restructuration et de la modernisation de l’agriculture (ARiMR) chargée en Pologne de la distribution d’aides directes, les agriculteurs polonais ont bénéficié de 14,6 milliards de zlotys, soit 3,4 milliards d’euros l’an dernier. Cela signifie un peu plus de 220 euros à l’hectare. La moyenne européenne étant de 268 euros, les Polonais attendront encore avant de rattraper leurs collègues européens. S’ajoutent à cela, comme partout en Europe, des aides couplées destinées aux différentes filières, ainsi que des aides au développement rural qui ont pour but notamment d’augmenter la compétitivité de l’agriculture, le développement durable, la protection des ressources.
Championne de la pomme
L’agriculture représente 3% du PIB de la Pologne qui exporte plus de produits agroalimentaires qu’elle n’en importe. Troisième producteur mondial de pommes, après la Chine et les Etats-Unis, la Pologne a quadruplé la valeur de ses exportations agroalimentaires pour dépasser les 21 milliards d’euros, en 2014. Dans l’Union européenne, le pays est le premier producteur de pommes, de cassis, de champignons de Paris, de choux blancs, de carottes, de cerises noires et de framboises.
La Pologne, quelle marque ?
L’Union européenne reste de loin le premier marché d’exportation du pays. Mais à l’international, la Pologne n’a pas su valoriser ses produits d’exportation sous une marque de pays d’origine, et malgré leur qualité, ses produits souffrent d’un déficit de reconnaissance. Par exemple, le secteur des fruits et légumes exporte énormément, mais ce sont majoritairement des produits semi-transformés, vendus à l’international sous forme de purée ou congelés. Ils servent ensuite à la fabrication de produits finis, notamment de jus, de yaourts ou de soupes. Mais ceux-ci sont commercialisés sous marque française, allemande ou espagnole, et pas polonaise. La Pologne manque de marques mondialement connues. Ce sera sans doute l’un des défis ces prochaines années, afin que l’agroalimentaire polonais soit payé à sa juste valeur.
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