Au Royaume-Uni, les têtes tombent au lendemain des législatives

Les législatives auront été fatales à Ed Miliband : au lendemain de la défaite cinglante de son parti, le chef de file des travaillistes a annoncé ce vendredi sa démission. Nick Clegg a fait de même chez les libéraux-démocrates, et Nigel Farage les a imités chez Ukip. David Cameron, lui, va rester cinq ans de plus à la tête du Royaume-Uni après la victoire sans appel de son parti. Les Tories sont désormais assurés d'avoir la majorité absolue de 326 sièges à la Chambre des communes.

Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix

Ed Miliband a choisi de démissionner sur-le-champ pour permettre au Labour, a-t-il expliqué, de débattre au plus vite de son avenir après cet échec cuisant. « J'assume toute la responsabilité du résultat et de notre défaite, a-t-il déclaré ce vendredi 8 mai. Maintenant, c'est à quelqu'un d'autre d'assumer le leadership du parti. » Le chef démissionnaire du Labour a ajouté qu'il prendra le temps de renouer avec sa famille et ses amis.

« Désolé de n'avoir pas réussi, s'est excusé Ed Miliband sous les applaudissements de ses militants. Vous êtes déçus et peut-être tristes aujourd'hui. Nous avons peut-être perdu une élection, mais nos politiques ne vont pas disparaître. Nous voulons un pays plus égalitaire. C'est ça le défi de notre époque. La lutte continue et quiconque sera mon successeur, je sais que le parti travailliste va continuer à défendre un pays qui existe pour les travailleurs et le peuple ».

Les travaillistes ont étéquasiment annihilés en Ecosse par le SNP, le parti nationaliste écossais, et ont perdu près de trente sièges dans le reste du pays. Il n'y a guère qu'à Londres que le Labour gagne du terrain, confirmant le statut de plus en plus particulier de la capitale par rapport au reste du Royaume-Uni. Mais pour Ed Miliband, il reste de l'espoir. « Maintenant, à vous d'assumer votre responsabilité de vous relever et continuer la lutte. Nous avons déjà connu des défis et nous sommes déjà revenus au pouvoir et nous reviendrons au pouvoir », a-t-il scandé.

Décision douloureuse

Auparavant, Nick Clegg avait pris la même décision douloureuse d'abandonner la tête des libéraux-démocrates, acceptant la responsabilité des pertes catastrophiques subies par son parti qui a perdu 46 sièges et ne conserve que huit députés. Après cinq ans de participation au gouvernement conservateur, les Lib-Dem ont littéralement été laminés aux législatives britanniques. Malgré sa cuisante défaite, leur leader Nick Clegg s'est tout de même félicité du travail accompli par son parti dans la coalition.

« J'ai toujours su que ces élections seraient d'une difficulté exceptionnelle pour les Libéraux démocrates, mais de toute évidence les résultats sont encore plus terribles et cruels que ce j'aurais pu imaginer dans mes pires cauchemars, a-t-il regretté. Je dois donc en tirer les conséquences et je vous annonce que je démissionne de la direction du parti libéral démocrate. Je tiens à remercier chaque membre, chaque militant de la campagne, chaque conseiller et chaque député pour son engagement en faveur du pays, et du parti. Nous ne saurons jamais combien de vies nous avons améliorées en ayant le courage de monter au créneau dans cette période de crise, mais ce que nous avons accompli restera. Car il ne fait aucun doute que nous quittons le gouvernement en laissant le pays beaucoup plus fort, plus juste, plus vert et plus au centre qu'il ne l'était il y a cinq ans. »

Le leader du Ukip non élu

Enfin, au sein du Ukip, les sentiments doivent être très partagés car si le parti a fait de bons scores, arrivant second dans des bastions conservateurs ou travaillistes, il vient aussi de perdre son chef, Nigel Farage, qui a échoué à se faire élire. Le dirigeant a adressé de sévères critiques à l'égard d'un système électoral britannique qui ne reflète pas l'importance croissante des petits partis. Le Ukip arrive en effet en troisième position avec 13% des voix au niveau national mais n'a qu'un seul député au Parlement et Nigel Farage a appelé à une réforme politique en profondeur.

« Un tremblement de terre a secoué ces élections et il s'est produit en terre écossaise, a ainsi déclaré Nigel Farage ce vendredi. Nous avons toujours pensé que la Grande-Bretagne devrait retrouver ses principes démocratiques car nous ne devrions pas être gouvernés depuis Bruxelles. Mais ce qui se passe au sein de notre propre démocratie est intéressant : nous avons un parti, le SNP qui avec 50 % des voix dans une seule région se retrouve avec près de 100 % des sièges, alors que notre parti qui a obtenu presque le même nombre de voix - 4 millions - qui a remporté les élections européennes l'an dernier, finit, lui, avec un seul siège au Parlement. Il est donc temps d'entreprendre une véritable réforme radicale électorale et c'est le Ukip qui mènera cette bataille. »

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