Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
Les services secrets allemands sont-ils devenus une filiale de leurs homologues américains à qui ils livreraient sans broncher des données sensibles ? Le contrôle politique sur ces mêmes services a-t-il failli ? Telles sont les questions qui se posent après les révélations de l'hebdomadaire Der Spiegel qui ont eu l’effet d’une bombe dans le microcosme politique berlinois.
Le Bundesnachrichtendienst (BND) a ces dernières années livré aux Etats-Unis des informations sensibles sur des entreprises européennes, mais aussi sur de hauts responsables politiques. Dans un premier temps, le gouvernement allemand a critiqué « des faiblesses techniques et d'organisation ».
Mais depuis, des responsables politiques dans l'opposition comme dans la majorité sociaux-démocrates alliés d'Angela Merkel haussent le ton. Ils attaquent les services secrets allemands, mais aussi la chancellerie en charge de leur coordination et de leur supervision.
Le BND a-t-il agi de façon autonome auquel cas le contrôle politique serait plus que problématique. Ou bien la chancellerie était-elle au courant et a préféré couvrir les agissements de ses services secrets? Et cela pour ne pas brusquer l'allié américain et remettre en cause la livraison d'informations dont à l'inverse l'Allemagne profite. Autant de questions qui agitent le monde politique allemand.