Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
« Pour moi, il ne fait aucun doute que je me suis rendu coupable moralement. Je demande pardon. Pour ce qui relève de ma responsabilité juridique, c’est à vous de trancher. » Comme cela était attendu, Oskar Gröning a pris la parole dès le début de son procès. L’ancien Waffen SS a reconnu avoir travaillé dans le camp d’extermination nazi, où il était chargé de récupérer les devises que les déportés fraîchement arrivés avaient sur eux.
Le vieil homme de 93 ans est accusé de complicité dans la mort de 300 000 Juifs hongrois à Auschwitz entre mai et juillet 1944. Il risque entre trois et quinze ans de prison. Les nombreuses parties civiles présentes au procès souhaiteraient plutôt qu’Oskar Gröning soit condamné à une peine d’intérêt général, comme par exemple évoquer son passé dans des écoles.
Un changement de jurisprudence à l'origine du procès
Mais cette survivante d’Auschwitz, venue exprès du Canada pour assister au procès, espère « entendre qu’avoir participé à une machine de mort est un crime ». Longtemps, la justice, qui devait prouver la culpabilité individuelle des accusés, ne pouvait pas poursuivre des personnes telles qu’Oskar Gröning, qui n’avait pas de sang sur les mains.
La jurisprudence a changé ces dernières années. Dorénavant, la seule présence dans un camp de concentration suffit pour être poursuivi. Mais les dernières procédures en cours ont peu de chances d’aboutir vu le grand âge des personnes concernées.