Ukraine: accalmie dans l'est où les dégâts sont considérables

Un soldat tué ces dernières 24 heures dans l'est de l'Ukraine, selon le bilan fourni par l'armée ukrainienne. Il s'agit d'un soldat ukrainien tué par un sniper, près des ruines de l'aéroport de Donetsk. Dans les quartiers proches de l'aéroport, où se sont déroulés de lourds combats ces derniers mois, les dégâts sont considérables. Profitant de l'accalmie relative, les habitants qui avaient fui les combats reviennent peu à peu. Mais la fin des violences ne signifie pas la fin des difficultés, notamment avec de nombreuses usines qui ont fermé.

Avec nos envoyés spéciaux à DonetskAnastasia Becchio et Boris Vichith

Des bas côtés jonchés de débris, des câbles électriques entremêlés qui pendent, des murs éventrés, des toits troués par les obus. La coupole de l'église n'est plus qu'une carcasse noircie. 

Irina et son mari Zhenia sont venus faire un peu de ménage dans leur maison, qu'ils ont dû quitter le mois dernier. « L'obus a atterri dans la salle de bains. Dans le toit, on a un trou d'un mètre carré, plusieurs poutres ont cédé. L'électricité, on n'en a pas depuis des mois. On nous la promet pour dans une semaine, mais bon... On n'a ni gaz, ni eau, ni lumière », confie Zhenia.  « De temps en temps, on passe une nuit ici, comme ça on protège un peu ce qui reste. Mais la nuit, ça tire encore », ajoute Irina. 

En effet, en dépit du cessez-le-feu, des tirs résonnent encore. Mais les habitants ne s'en émeuvent presque plus. Leur préoccupation du moment, ce sont bien les voleurs. La maison de Tatiana a été bombardée trois fois. Son mari a été tué, elle vit désormais chez une voisine. Elle explique que « les voleurs ont tout emporté, même la cuvette des toilettes. Ils ont pris les tapis, les lustres, les meubles et tous les radiateurs. Je ne sais pas si je pourrai réparer ma maison. J'avais un toit, j'avais tout, et maintenant, plus rien... je suis obligée de vivre chez mon amie. »

Tatiana part travailler dans le centre-ville. Elle a pu garder son emploi, mais son salaire ne lui a pas été versé depuis novembre.

Les usines tournent au ralenti

Dans son bureau de la périphérie de Donetsk, où il a installé un grand aquarium, Vladimir Zakoutni travaille même le dimanche. Les affaires ne sont pas bonnes. Depuis que les autorités ukrainiennes ont imposé un système de laissez-passer pour entrer et sortir de la zone rebelle, il a toutes les difficultés du monde à faire venir des matières premières et à vendre sa production à ses clients ukrainiens.

Sur 1 200 employés, il n'en reste plus que 300, et il est difficile pour l’entrepreneur de leur donner un salaire : « Pour pouvoir payer des salaires, il faut que nous puissions vendre quelque chose, mais je suis bloqué de toutes parts. Avec la Russie, je n'ai pas encore de contact et on me ferme la route de l'Ukraine. J'ai l'impression que la politique du gouvernement ukrainien consiste à nous entourer de fils barbelés et à nous oublier comme si nous étions un cauchemar. »

En attendant qu'une solution politique qu'il appelle de ses vœux soit trouvée, l'entrepreneur est contraint de payer des impôts aux autorités ukrainiennes et aux autorités séparatistes : « On leur paye très peu parce qu'on ne vend rien. On n'a quasiment pas de mouvements financiers. Mais j'envoie quand même un virement au Trésor public ukrainien, et pour celui de la République de Donetsk, je paye avec une valise. »

Il faut rapidement trouver une solution politique au conflit, plaide l'entrepreneur qui a affiché les drapeaux russe et ukrainien côte à côte dans sa bibliothèque. « Ça suffit, dit-il, de jouer à celui qui a le plus gros canon. »

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