Grèce: une liste de réformes pour convaincre l'Europe

Il y a eu de nombreuses communications entre Bruxelles et Athènes, ce lundi 23 février toute la journée. Les ajustements entre la Commission européenne et la Grèce ont été plus longs que prévu. Le gouvernement grec a passé ces trois derniers jours à concocter un programme de réformes comme le lui réclamait l'Union européenne en échange de la prolongation de quatre mois de son aide financière. Athènes va-t-elle arriver à convaincre ses partenaires européens ?

Avec notre bureau de Bruxelles,

La liste des réformes promise à l'Union européenne (UE) par la Grèce pour obtenir une extension de quatre mois du financement du pays est arrivée « dans les temps » à Bruxelles, a annoncé Margaritis Schinas, porte-parole de la Commission européenne dans un tweet ce 24 février. Il n'y aura sans doute aucun commentaire officiel fait par l’UE sur le contenu des réformes préparées par la Grèce avant la réunion des dix-neuf ministres des Finances de la zone euro, ce mardi 24 février dans l'après-midi, lors d’un Eurogroupe, a priori téléphonique et non physique. Et c’est là que les mesures avancées par la Grèce devront être validées - ou non - par les partenaires européens d'Athènes qui sont pour l’instant relativement sur leurs gardes. Néanmoins, il s'agit d'un « point de départ valide » pour qu'Athènes et ses créanciers s'entendent sur la poursuite du financement au pays, a commenté une source de la Commission européenne, pour qui la liste « est suffisamment complète ».

Certains pays ont pourtant du mal à accepter les projets de la Grèce. C’est en particulier le cas de ceux qui doivent faire ratifier par leur Parlement (Allemagne et Finlande) toute modification des mesures. Mais c’est aussi le cas de ceux qui ont été le plus durement touchés par la crise et qui voient d’un mauvais œil que la Grèce se soustrait aux réformes qu’eux-mêmes ont menées de bonne ou de mauvaise grâce.

La Grèce marche sur des oeufs

Il faut cependant souligner que le gouvernement grec s’est évertué hier à essayer d’obtenir des autres membres de l’Eurogroupe qu’il donnent en aval leur opinion sur certaines des mesures envisagées, de manière à pouvoir présenter une liste qui aurait le plus possible de chances d’être adoptée. Ceci semble être la principale cause de retard de l’envoi à Bruxelles des mesures attendues. Il reste que le gouvernement grec sait qu’il marche sur des œufs. Le président de la Commission européenne rappelait hier que si la Grèce mettait en œuvre son projet de faire passer le salaire minimum de 580 à 750 euros, six pays de l’UE auraient un salaire inférieur au sien.

La Grèce a néanmoins obtenu une certaine flexibilité même si l’accord de vendredi prévoit que toute nouvelle mesure devra être basée sur le programme en cours. Une idée répandue dans la zone euro est que la Grèce pourrait remplacer un peu moins d’un tiers des réformes prévues par des mesures qu’elle jugerait moins antisociales. On pense par exemple aux annonces du gouvernement concernant la fin des privatisations d’installations portuaires ou la hausse du salaire minimum mais il y a aussi le blocage des saisies de résidences principales.

Manquerait des engagements chiffrés

La troïka des bailleurs fonds, désormais débaptisée, demandait notamment jusqu’ici une dérégulation du marché du travail, une réforme du droit syndical, une baisse des retraites ou encore une hausse de la TVA. Pour l’éviter, le gouvernement grec devrait mettre sur la table des mesures de lutte contre la fraude et l’évasion fiscale, d’amélioration du cadastre, de lutte contre la corruption ou contre le trafic de carburant et de tabac. Selon les premières indications, le texte en préparation manquerait à nouveau d’engagements chiffrés et précis. Si ceci était avéré, ces réformes pourraient avoir du mal à convaincre les partenaires de la Grèce au sein de la zone euro.

Mesures sociales

Mais il y aura aussi, nous précise notre correspondante à Athènes, Charlotte Stiévenard, des mesures sociales d'urgence comme l'électricité gratuite pour 300 000 familles dans le besoin ou l'accès gratuit aux soins. Enfin, parmi les propositions qui pourraient poser problème aux créanciers de la Grèce, il y a le blocage des saisies de résidence principale. Ou encore l'effacement d'une partie des arriérés d'impôts et emprunts bancaires pour inciter les personnes endettées à rembourser plus rapidement.

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