Avec notre envoyé spécial à Donetsk, Régis Genté
Cent trente-neuf soldats ukrainiens et 52 combattants séparatistes pro-russes qui ont été échangés ce samedi. L'échange a eu lieu sur la ligne de front dans la région de Lougansk. Une partie des soldats ukrainiens ont été fait prisonniers lors des deux dernières grandes batailles de cette guerre du Donbass : celle de l’aéroport de Donetsk et celle de la poche de Debaltseve, qui a vu la victoire du camp pro-russe ce mercredi. Lors de cette bataille de Debaltseve, 110 soldats ukrainiens auraient été fait prisonniers lors de leur retraite.
Cet échange de prisonniers est-il un pas vers l’application des accords de paix signés à Minsk le 12 février ? Rien n’est moins sûr. Bien que l’alinéa 6 desdits accords prévoie des échanges de prisonniers, il s’agit du neuvième échange depuis le début de la guerre. Les huit premiers se sont produits avant la signature des accords de Minsk 2.
Près d’un millier de prisonniers ont ainsi été échangés. Le plus important échange a eu lieu le 26-27 décembre dernier, lorsque 371 prisonniers ont été remis à leur camp respectif. C’était juste avant qu’une nouvelle offensive très importante ne soit lancée par les séparatistes pro-russes.
Une dimension importante de cet échange, pour Moscou, est le fait que ces libérations sont négociées avec une personne-clé dans cette affaire : Viktor Medvedchuk, un oligarque et homme politique ukrainien, très pro-russe, et même apparenté à Vladimir Poutine. Vendredi, un haut responsable militaire du camp séparatiste insistait ainsi sur le fait que c’est à Viktor Medvedchuk que devaient être remis les prisonniers. Pour Moscou, c’est donc une façon de renforcer en Ukraine le capital politique d’un proche du Kremlin.
Cet échange intervient alors que la présidence ukrainienne a publié ce samedi un communiqué indiquant que 179 soldats ukrainiens sont tombés pendant la bataille de Debaltseve, tandis que 81 sont toujours portés disparus. Par ailleurs, lors d’une rencontre avec son homologue britannique, le chef de la diplomatie américaine John Kerry a dit étudier de nouvelles sanctions contre la Russie. Des sanctions graves, a-t-il précisé, en raison d’un « comportement extraordinairement lâche aux dépens de la souveraineté de l’intégrité d’une nation. »