Le président français, qui a reçu vendredi à l'Elysée la chancelière allemande, s'est dit convaincu que « tous les accords de Minsk » devaient s'appliquer et que les cessez-le-feu devaient être « intégralement respectés sur l'ensemble de la ligne de front », trois jours après l'abandon précipité de la ville stratégique de Debaltseve.
La chancelière allemande n'a pas voulu, elle non plus, dramatiser les violations du cessez-le-feu constatées ces derniers jours, en expliquant qu'il s'agissait d'un processus difficile. « Nous ne nous faisons pas d'illusions, le processus de paix en Ukraine prendra du temps », a déclaré Angela Merkel.
« Il faut maintenant traduire les engagements de Minsk sur le terrain. C’est difficile. Mais on ne pouvait pas non plus s’attendre à autre chose vu la situation tendue dans l’est de l’Ukraine. Cela vaut la peine de tout faire pour éviter que le sang continue de couler. C’est pourquoi il faut mettre en place le cessez-le-feu, procéder au retrait des armes lourdes et à l’échange des prisonniers. Et bien sûr, si certains points de l’accord ne sont pas appliqués, nous envisagerons de prendre des sanctions supplémentaires. Mais nous ne sommes pas allés à Minsk pour adopter de nouvelles sanctions ; nous y sommes allés pour rendre à cette région la paix et la stabilité auxquelles elle a droit. Mais le processus reste difficile. Et nous ne nourrissons pas tous les deux pas de faux espoirs. Mais les efforts entrepris valent la peine de l’être », a déclaré la chancelière allemande.
François Hollande a aussi dit ne pas avoir été « formellement » informé de l'entrée de chars russes en Ukraine, alors que Kiev dénonce l'envoi en Ukraine de vingt chars russes.
Le ministre des Affaires étrangères français Laurent Fabius a annoncé l'organisation d'une réunion mardi prochain à Paris avec les chefs de la diplomatie française, allemande, urkainienne et russe.
Spectacle de désolation à Debaltseve
Avec notre envoyé spécial à Debaltseve, Régis Gente
Les combats ont donc cessé à Debaltseve, où en est-on maintenant ? C’est une situation assez choquante que l’on peut voir à Debaltseve. On a l’impression que les gens sortent littéralement de terre. De fait, c’est vrai puisqu’ils étaient depuis des jours et des jours dans leur sous-sol sans eau, sans électricité, sans gaz. Il faisait autour de zéro degré, voir des températures négatives dans leurs appartements.
Aujourd’hui, ils sortent, l’aide humanitaire commence à arriver et lorsqu’ils se croisent dans la rue c’est pour demander où est-ce qu’on peut trouver du pain à Debaltseve. C’est vraiment une situation très impressionnante de ce point de vue. Ils racontent des jours et des jours de bombardements, d’obus qui tombent, de personnes âgées qui meurent parce qu’ils n’ont plus de soins, plus de médicaments pour se soigner.
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Prochaine cible : Novoazovsk ?
De leur côté, les rebelles pro-russes ont annoncé ce vendredi l'échange de leurs prisonniers avec ceux détenus par Kiev. Plus de cent soldats ukrainiens ont été capturés pendant la débâcle de Debaltseve. Pendant ce temps, les dirigeants occidentaux poursuivent leurs efforts pour une application des accords de Minsk.
Ce vendredi, l'Ukraine a dénoncé la présence de chars russes et de troupes supplémentaires dans l'est du pays, vers Novoazovsk, une localité proche de la grande ville côtière de Marioupol sur la mer d'Azov. Elle pourrait être la prochaine cible des séparatistes pro-russes. Cette ville a déjà été prise l'an passé par les rebelles. Novoazovsk représente un tremplin idéal pour permettre une ouverture vers le sud de l'Ukraine et la péninsule de Crimée annexée par la Russie en mars dernier. Moscou n'a pas répondu à cette accusation. Si l'information est confirmée, cela marquerait la fin de la trêve conclue à Minsk.