Ukraine: entre tensions sur le terrain et négociations politiques

Dans l’est de l’Ukraine, la tension reste vive entre les pro-russes et les forces ukrainiennes. Mercredi soir, le président ukrainien Petro Porochenko a réclamé l'envoi d'une mission policière de l'Union européenne sous mandat de l'ONU dans la zone est du pays. Les Européens tentent de trouver une position commune à adopter pour permettre une sortie du conflit ukrainien.

Malgré la prise de Debaltseve par les rebelles et les tensions encore très vives sur le terrain, les quatre du format Normandie ont appelé à poursuivre la mise en œuvre des accords qu’ils ont négocié à Minsk. Le président ukrainien a demandé que l'Union européenne déploie, sous mandat de l'ONU, une mission de police chargée de veiller au respect du cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine. Mais pour l’instant, sa demande n’a reçu aucune réponse.

Le retrait des armes lourdes, prévu par l'accord de Minsk, ne pourra se faire que lorsqu'un cessez-le-feu « général » sera respecté et constaté par les observateurs de l'OSCE, avertit Petro Porochenko qui a demandé par ailleurs la libération de tous les Ukrainiens faits prisonniers, y compris ceux capturés à Debaltseve.

Les Européens ne veulent pas laisser les forces armées ukrainiennes s'effondrer, mais les Britanniques par exemple considèrent que l’aide militaire à l’Ukraine n'est pas du ressort de l'Union européenne ou de l'Otan, mais bien des gouvernements nationaux. Pour les Espagnols, avant de parler d’aide militaire à l’Ukraine, l’Union européenne doit d’abord déterminer si la Russie est un partenaire ou un adversaire stratégique.


Dans l’est de l’Ukraine, le cessez-le-feu n’est toujours pas respecté

Avec notre envoyé spécial à Vouglegirsk, Régis Genté

Dans l’est de l’Ukraine, les armes ne se sont pas tues malgré le cessez-le-feu décrété dimanche. Ira, 23 ans, commande le petit bataillon d’artillerie de rebelles pro-russes opérant dans les environs de Vouglegirsk, à une quinzaine de kilomètres de Debaltseve. En ce jeudi après-midi, au milieu d’un champ balayé par un vent glacial, elle ajuste les tirs, pendant que quatre ou cinq hommes, des volontaires originaires du Donbass en l’occurrence, préparent et enfournent les obus de chacun des six canons de la batterie qu’elle dirige.

De cessez-le-feu autour de la poche de Debaltseve, il n’y a donc toujours pas. Ira dit qu’elle fait tirer là où sa hiérarchie le lui demande. Le commandement militaire de la République populaire de Donetsk, pro-russe, affirmait ce jeudi que des groupes ukrainiens demeurent présents dans la ville 24 heures après sa prise. Ce que confirme l’armée ukrainienne, qui admet que 10% de ses troupes stationnées à Debaltseve et ses alentours n’en sont pas encore revenu. Sans doute s'agit-il d'unités qui n'ont pas pu s'en extraire. Il ne s'agit très vraisemblablement pas de résistance, et encore moins d'une tentative de reconquête. Côté pro-russe, l’heure n’est donc plus à l’offensive, assure-t-on, mais au nettoyage et à la prise de possession d’une « poche » considérée comme hautement stratégique.

Le cessez-le-feu n'est pas non plus respecté en d'autres endroits du Donbass, y compris à Donetsk même, la grande ville de la région. Pendant toute la soirée de jeudi, et pendant une partie de la nuit, des détonations fortes se sont faites entendre. De nombreux tirs ont en effet été échangés ce jeudi au nord de Donetsk, notamment du côté de l'aéroport et de la ville industrielle d'Avdiivka. On échange également des tirs d'obus au bord de la mer d'Azov, dans le village de Chirokine, non loin du port de Marioupol, toujours tenu par les forces ukrainiennes. S'agit-il seulement de consolider les frontières d'un territoire tout récemment conquis ? Ou est-ce au contraire le signe d'une volonté de conquérir d’autres morceaux du Donbass. C'est l’une des questions qui se posent pour l'instant.

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