Avec notre envoyé spécial à Lviv, Sébastien Gobert
Sur une des routes d’entrée dans la grande ville de Lviv, une patrouille de police arrête systématiquement les voitures conduites par de jeunes chauffeurs. Les policiers sont accompagnés de l’officier de la garde nationale, Vasyl Mazyar, qui s’acquitte d’une mission particulière. « Nous recherchons actuellement les citoyens qui tentent d’échapper à la mobilisation, explique-t-il. Je dois donc comparer les documents du chauffeur à une liste de personnes recherchées. »
Au contraire des précédentes vagues de mobilisation, les recherches de récalcitrants sont rigoureuses : sur la route, aux postes-frontière voire même sur les lieux de travail. Une nouvelle loi prévoit de sanctionner les fuyards avec des peines allant jusqu’à cinq ans de prison.
La critique n’est plus acceptée. A la mi-janvier, le journaliste Ruslan Kotsaba a posté une vidéo sur Internet où il s’est exprimé en termes clairs : « Moi, Ruslan Kotsaba, journaliste, je refuse mon ordre de mobilisation. Et j’appelle toutes les personnes raisonnables à faire de même. » A cause de cette vidéo, Ruslan Kotsaba est accusé de trahison, a été arrêté et menacé de 15 ans d’emprisonnement.
Le président Petro Porochenko bénéficie toujours du soutien de la majorité de la population dans la conduite de la guerre du Donbass. Mais si le nouvel accord de Minsk venait à échouer, de plus en plus d’Ukrainiens s’inquiètent déjà du prix à payer.