Ukraine: malgré le cessez-le feu, les armes ne se taisent pas encore

La poursuite des combats dans l’est de l’Ukraine, et plus précisément autour de Debaltseve, inquiète le président français, la chancelière allemande et le président ukrainien. C’est ce qui ressort après une conversation téléphonique entre les trois dirigeants lundi en fin d’après-midi. Berlin reste optimiste et espère que le retrait aura lieu ce mardi, mais les dernières informations provenant de Debaltseve ne sont pas rassurantes.

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Doit-on continuer à parler d'un « cessez-le-feu » dans l'est de l'Ukraine ? Quarante-huit heures après l'entrée en vigueur de ce dernier dimanche à minuit, les bombardements se poursuivent et le calendrier fixé à Minsk prend du retard. L’armée ukrainienne et les séparatistes pro-russes s'accusent mutuellement de violer l'accord. L'armée ukrainienne dit ainsi avoir enregistré pas moins de 150 attaques rebelles en deux jours, et déplore la perte de cinq de ses soldats en 24 heures. Quatorze autres sont blessés.

L'accord trouvé à Minsk prévoit que le retrait des armes lourdes doit commencer au maximum deux jours après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Or, toute la journée de lundi, responsables ukrainiens et séparatistes pro-russes ont expliqué que, puisque l’autre partie continue d'utiliser son artillerie, ils ne retireraient pas leurs armes lourdes de la ligne de front. Ce lundi, les combats ont tout particulièrement continué autour de Debaltseve, où la plupart des soldats ukrainiens tombés ces dernières 24 heures sont morts, selon un porte-parole de l'armée. Des combats ont même éclaté ce mardi dans les rues de la ville, ont confirmé les deux camps. C'est une première ; jusqu'ici, c'est précisément l'artillerie que l'on entendait ferrailler sur ce front.

Combats à Debaltseve, mais aussi à Marioupol

Cela ne signifie pas que les accords de Minsk sont morts. Après tout, il n’existe pas beaucoup d’exemples dans l’histoire de cessez-le-feu appliqués en totalité dès les premiers jours. Mais vu de Donetsk, où se trouve notre envoyé spécial Régis Genté, l’impression qui règne, c'est que les séparatistes veulent absolument s’emparer de cette « poche » de Debaltseve, ville devenue stratégique dans l’est de l’Ukraine. Plusieurs milliers de soldats ukrainiens y seraient actuellement stationnés et pourraient se retrouver encerclés.

Mais des échanges de tirs se produisent aussi au sud de la république de Donetsk, dans la région de Marioupol. S’agit-il de s’emparer de ce port stratégique ? Pas directement, au du moins pas maintenant semble-t-il. On a pu croire, à plusieurs reprises ces derniers mois, que les séparatistes voulaient prendre Marioupol, mais il s’agissait davantage de manœuvres de diversion. Le port serait d’ailleurs difficile à prendre ; il s'agit d'une grosse ville de près de 500 000 habitants.

Lundi, François Hollande, Angela Merkel et le président ukrainien Petro Porochenko ont fait part de leur préoccupation. Lors d'une conversation téléphonique, ces trois dirigeants ont également « marqué leur souhait que les observateurs de l’OSCE, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, aient un accès libre pour poursuivre leur travail sur le terrain de manière objective et faire appliquer le cessez-le-feu », selon la présidence française. Ils demandent que ces observateurs « soient dotés des moyens nécessaires pour effectuer leurs missions ».

Pour les Russes, l'entrave à la paix, ce sont les sanctions

A Moscou, on se montre optimiste, analyse notre correspondante Veronika Dorman. Le Kremlin compte sur le respect intégral des accords de Minsk, a déclaré lundi le conseiller diplomatique Iouri Ouchakov, y compris en ce qui concerne le retrait des armes lourdes et la création d'une zone de sécurité. Selon M. Ouchakov, la situation dans l’est de l’Ukraine a radicalement changé en une semaine depuis la rencontre de Minsk. Même autour de Debaltseve, la situation « se développe plutôt bien », a souligné le conseiller russe.

Selon le porte-parole du gouvernement allemand, le retrait des armes lourdes du front devrait d'ailleurs bel et bien débuter ce mardi. Moscou continue en revanche d’accuser l’Occident d’entraver le processus de paix en Ukraine. L’un des obstacles à la résolution de la crise, selon la Russie, ce sont les sanctions occidentales, dont les dernières sont entrées en vigueur ce lundi 16 février. Pour M. Ouchakov, ces sanctions sont non seulement illégales mais elles entravent le développement des relations entre la Russie et l’Union européenne.

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