Turquie: la rue ne décolère pas après le meurtre d’une étudiante

En Turquie, plusieurs manifestations ont à nouveau eu lieu, lundi 16 février, dans plusieurs villes pour dénoncer l’assassinat d’une jeune femme par son violeur. Le corps d’Ozgecan Aslan avait été découvert vendredi, deux jours après sa disparition, violée et assassinée dans le sud du pays. Après de nombreux rassemblements ce week-end, l’indignation reste grande, prenant même un tour politique avec la mise en cause de la politique « sexiste » du gouvernement. A l’issue du Conseil des ministres, le chef du gouvernement a annoncé un plan d’action.

Avec notre correspondant à Istanbul,Jérôme Bastion

Pour la première fois, actualité oblige, c’est le Premier ministre Ahmet Davutoglu lui-même qui a présenté les conclusions du Cabinet. « Nous allons nous efforcer de remettre à l’ordre du jour un large plan d’action concernant ce sujet, affirme-t-il. La victime était notre fille chérie à tous, nous sommes tous en deuil. Et nous sommes tout à fait décidés à faire tout ce qui sera nécessaire désormais. »

Ce faisant, il a reconnu entre les lignes que les précédents programmes n’avaient pas porté leurs fruits. Or la colère ne faiblit pas dans le pays : lundi, comme bien de ses confrères, Güler Yildiz a présenté son journal sur la télé IMC entièrement habillée en noir : « C’est une réaction générale : une grande partie de la population était en noir, même dans les écoles, les enseignants, les élèves ; pour montrer qu’on n’est pas indifférent à ce qui est arrivé à Ozgecan. »

Même dans les rues d’Istanbul, la plupart des passants étaient tout de noir vêtus et ils sont nombreux à réclamer le retour de la peine capitale pour ce genre de crimes. « Il faut les exécuter, quoi, il ne faut pas les laisser en vie ! », affirme une passante. « Je veux que le gouvernement rétablisse la peine de mort », assure une autre. « Il faut leur infliger le même traitement qu’ils ont appliqué », confirme une troisième. Bien que plusieurs responsables du gouvernement ont eux aussi réclamé un débat sur le rétablissement de la peine de mort, abolie en 2000, la question n’est pas à l’ordre du jour.

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