Avec notre envoyée spéciale, Béatrice Leveillé
Les portes du sommet européen de Bruxelles ne se sont ouvertes qu'aux alentours de 15 heures. Le Premier ministre belge Charles Michel, qui voulait venir malgré tout à midi pour déjeuner avec ses collègues a été informé qu’il n'est attendu qu’à 14 heures. Evidemment, une partie des dirigeants européens ont dû patienter. Mais personne ne reprochera à Angela Merkel et à François Hollande ce retard.
Ils vont pouvoir raconter à leurs collègues les tenants et les aboutissants de cette longue nuit de négociation à Minsk. Les dirigeants européens devraient exprimer leur soulagement et leur satisfaction car cet accord écarte pour l’instant la crainte d’une guerre totale aux portes de l’Union européenne. Le président ukrainien Petro Porochenko devrait être de la partie. Il a été invité a assister au sommet par Donald Tusk, le président du Conseil européen.
La situation en Ukraine, qui est une des préoccupations majeures de l’Union européenne, était au programme de ce sommet, un sommet convoqué au lendemain des attaques de Paris pour parler de la lutte contre le terrorisme. Sur ce plan d'ailleurs, des avancées sont attendues. Les dirigeants européens semblent convaincus qu’il faut défendre les valeurs communes de l'Europe ainsi que sa sécurité.
La question de la dette grecque, qui n’est pas à l’ordre du jour, risque pourtant de s’imposer avec la présence d’Alexis Tsipras. Le Premier ministre grec participe pour la première fois à un Conseil et malgré l’absence d’accord la nuit dernière entre les ministres des Finances de l’Eurogroupe sur l’allègement de la dette grecque, Alexis Tsipras aura sûrement à cœur d’évoquer le sujet avec les dirigeants européens, et notamment avec Angela Merkel.
Enfin le groupe socialiste au Parlement européen a interpellé les chefs d’Etat et de gouvernement sur la tragédie de migrants qui tentent même en plein hiver de traverser la Méditerranée.
■ Le Parlement européen vote en faveur de l'instauration du PNR, fichier européen des passagers aériens
Avant que le Conseil européen ne se penche sur les moyens de combattre le terrorisme à l’échelle de l’Union européenne, le Parlement européen a voté, à une large majorité, hier, une résolution appelant à la mise en œuvre, d’ici la fin de l’année, du PNR.
Voulu par les gouvernements européens, le PNR a été bloqué depuis 2011 par les eurodéputés, qui ont dénoncé à l'époque un manque de protection des données personnelles. Mais le vent a tourné après les attentats commis en France au mois de janvier dernier. Et Alain Lamassoure, le chef de la délégation française au groupe conservateur du Parti populaire européen, a tenu un véritable plaidoyer en faveur du fichier des passagers aériens : « Pour lutter contre le terrorisme, on ne peut pas défiler dans les rues le 11 janvier et refuser le 11 février la seule mesure nouvelle efficace qui dépende de l’Union européenne. Car la question politique qui nous est posée n’est pas "faut-il un PNR, ou ne faut-il pas un PNR ?", mais "aurons-nous un PNR européen ou 28 PNR nationaux ?". Soyons sérieux, soyons raisonnables. La guerre est aujourd’hui déclarée à toute l’Europe, à tous nos pays, à toutes nos valeurs communes. Un texte est prêt. Evidemment, on peut l’améliorer. Mais il faut l’adopter très vite. »
Votée à une large majorité, la résolution a été rejetée par les écologistes, qui pensent que la « mise sous surveillance généralisée de la société n'est pas proportionnelle au but poursuivi ».