Ce drame était prévisible s’insurgent l’Office international des migrations et le Haut Commissariat aux réfugiés. Depuis fin octobre 2014, l’opération de surveillance et de sauvetage en mer Mare Nostrum s’est arrêtée, faute de financements, et remplacée par Triton, une surveillance des frontières plus proche des côtes italiennes.
« L’arrêt de Mare Nostrum, avec également des crises continues en Libye, en Irak, faisaient qu’on allait arriver à cette situation. Cette opération européenne faisait que des moyens étaient mis en œuvre pour pouvoir contrôler l’ensemble de la mer Méditerranée, et on se retrouve depuis quelques semaines avec les seuls moyens mis à disposition par l’Italie elle-même, ce qui fait que les contrôles sont nettement limités », regrette Florence Kim, de l’OIM.
Certains pays européens estimaient que Mare Nostrum encourageait les migrants à prendre la mer. Faux, rétorquent l’OIM et le HCR, et ce nouveau drame en est la preuve. L’Europe doit combattre les réseaux de trafic de migrants, mais doit aussi continuer à sauver des vies. C’est une obligation, selon le Haut Commissariat aux réfugiés.
Ils étaient environ 420 migrants au départ, pour la plupart originaires d’Afrique subsaharienne. Malgré la tempête, ils auraient été contraints par la force de monter par groupes de cent à bord de quatre canots, après avoir été dépouillés de leurs papiers et de leur argent. Ils ont dû faire face à une mer démontée, des vagues de huit mètres de haut et des vents de 120 km/h.
Dimanche, une embarcation a été secourue par des garde-côtes italiens, mais 29 migrants étaient morts de froid. Neuf autres migrants en provenance de deux autres canots ont été récupérés par des navires. Selon leurs témoignages, l’un avait chaviré, l’autre s’était dégonflé et avait coulé. Le quatrième canot a disparu. En tout, plus de 300 auraient perdu la vie.