Espagne: pari gagné pour Podemos

Environ 100 000 personnes ont participé, samedi 31 janvier à Madrid, à la grande « marche pour le changement » organisée par le parti Podemos. Après la victoire de Syriza en Grèce, ce parti radical de gauche, né du mouvement des Indignés, se sent pousser des ailes. L'occasion pour son leader, le jeune Pablo Iglesias, d'amorcer le changement politique et de mesurer l'enthousiasme et l'engouement de ses sympathisants.

Avec notre correspondante à Madrid, Diane Cambon

Pari gagné pour le parti Podemos, qui a réuni pour sa marche pour le changement quelque 100 000 personnes dans le centre de Madrid. Ils sont venus de toute l’Espagne pour célébrer cette nouvelle ère qui commence aujourd’hui. Dopé par cette manifestation monstre, le jeune parti anti-austérité se sent pousser des ailes pour attaquer l'année électorale chargée qui s'amorce, et qui devrait s'achever avec les élections législatives prévues fin 2015.

Pablo Iglesias, le jeune leader charismatique de cette formation de gauche, a averti : il aspire à évincer du pouvoir les partis traditionnels. C’est à la Puerta del Sol, épicentre des Indignés, qu’il a tenu son discours acclamé par une foule en liesse : « C’est très émouvant de voir un peuple réuni à la Puerta del sol, un peuple avec un pouvoir énorme pour un changement social et plus de démocratie. Je vois ici des gens de dignité, des gens qui ont envie de construire un futur meilleur. »

Au pied du podium, Luisa, une retraitée de Madrid, jubile d’émotions. Elle est venue accompagnée de sa fille et de son petit-fils. Pour elle, il est temps de tourner la page : « Nous voulons en finir avec la corruption, ils ont tellement tiré sur la corde et nous autres, les petits Espagnols, on a été très bons, très patients, on a tout supporté, mais là la corde s’est rompue et on ne va plus s’arrêter en si bon chemin. »

Podemos donne le coup d’envoi de sa campagne électorale

Les slogans annoncent le changement et réclament le départ des locataires du pouvoir. Mariano Rajoy, le président du gouvernement conservateur, « ton temps est compté », peut-on lire sur une pancarte. Ou encore, « fuera los chorizos ! », « hors d'ici les voleurs ! », en référence aux nombreux cas de corruption qui ont touché le pouvoir en place. Podemos, qui est crédité de 23% d'intentions de vote dans les sondages, veut montrer au pouvoir en place que ce parti est prêt à prendre les rênes de l'Etat face à la gauche de gouvernement du PSOE, et le Parti populaire, la droite au pouvoir.

La tâche ne sera toutefois pas facile. Podemos devra d’abord faire ses preuves lors du premier rendez-vous électoral du printemps, avec les régionales et les municipales. Puis viendra le grand saut des législatives à l'automne. D’ici là, il lui faut se doter d’un programme solide, mais aussi affronter les dures critiques des partis traditionnels qui n’hésitent pas à accuser Pablo Iglesias d’extrémisme et de populisme. En outre, la droite espère bien récolter les fruits de la légère et timide reprise économique observée actuellement dans le pays.

Aujourd’hui, Podemos se réjouit d’avoir réuni quelque 220 000 sympathisants en moins d’un an, de quoi faire pâlir d’envie la droite et la gauche en pleine déconfiture après les nombreuses révélations de scandale de corruption. Podemos a donc au moins réussi à faire trembler ces deux grands partis politiques, qui craignent la fin de leur hégémonie. M. Iglesias peut donc commencer à « rêver » : « Nous apportons notre soutien à nos frères grecs, mais personne n'accomplira les tâches et les devoirs à leur place, et personne ne le fera à la place des Espagnols. C'est au tour des citoyens espagnols d'être les protagonistes de leur histoire. Nous allons rêver, et nos ferons tout pour rendre ces rêves possibles. »

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