Avec notre correspondant à Madrid, François Musseau
Depuis 40 ans environ -la chute de la dictature franquiste- l'Espagne n'a été gouvernée que par deux partis, le Parti populaire ou le Parti socialiste. Un vrai bipartisme. Les autres ne sont de petits partis tout juste bons pour former une coalition. Un numéro de duettistes qui a fini par fatiguer les Espagnols.
Et le nouveau parti Podemos, issu de la gauche extrême, né du mouvement des Indignés a fait irruption sur la scène publique en proposant une démocratie participative, un barrage au capitalisme financier et des mesures fiscales draconiennes contre les riches. Et ce parti, troisième force aux élections européennes de mai avec 1,2 millions de voix, est désormais crédité d'un quart des voix ce qui le place en première position. Podemos est passé de 15% à 28% d'intentions de vote. Cette gauche radicale, aujourd'hui, gagnerait les élections.
Un challenger qui fait peur
Ce que les grands partis ont bien compris, c'est que l'essor de Podemos est lié à la corruption, car les scandales s'accumulent contre des dirigeants du parti au pouvoir et des socialistes. Alors, chacun en rajoute pour promettre un nettoyage de la vie publique.
Le leader socialiste Pedro Sanchez a annoncé 33 mesures anticorruption s'il arrivait au pouvoir. Il a promis aussi un changement législatif qui prévoit de dures punitions pour celui qui fraude le fisc, à hauteur de 50 000 euros et non plus de 120 000 euros comme aujourd'hui.
Le gouvernement dans le collimateur
Jusqu'alors, le chef du gouvernement conservateur, Mariano Rajoy, faisait celui qui ne voulait pas voir le problème. Officiellement, Mariano Rajoy nie l'envergure de la menace mais il vient pourtant de proposer une batterie de mesures anticorruption et vient d'expulser du parti une dizaine de dirigeants mis en examen et a promis d'interdire le cumul des mandats.
Il tente de juguler les terribles effets de la corruption dans ses rangs sur son propre parti. Mais ce ne sera pas facile : les scandales ne vont pas s'arrêter comme par magie et le parti Podemos devrait logiquement continuer à monter en puissance.