Avec notre correspondant à Kiev, Sébastien Gobert
L’initiative avait déjà été annoncée en décembre, mais elle s’inscrit aujourd’hui dans un dramatique regain de tensions dans l’est de l’Ukraine. Dans l’esprit du décret présidentiel signé ce lundi, il s’agit de mobiliser plus de 100 000 personnes, hommes et femmes, de 25 à 60 ans, pour relever les troupes dans le Donbass, et consolider la ligne de front. La première phase, qui va durer jusqu’en avril, va concerner 50 000 conscrits. L’Etat leur promet un salaire minimum d’environ 150 euros. Ne seront pas concernés les parents de plus de trois enfants, les étudiants, les invalides ou encore les habitants des zones sous contrôle rebelle.
Après un entraînement de 50 jours, les recrues seront déployées dans l’est de l’Ukraine. Le ministère russe des Affaires étrangères déplore cette nouvelle mobilisation, qui est assimilée à une victoire du parti de la guerre ukrainien et équivaudrait à une escalade des tensions. À l’inverse, selon le gouvernement ukrainien, la conscription est nécessaire pour faire face à l’agression russe.
Quoi qu’il en soit, l’annonce ne suscite aucun enthousiasme dans la société ukrainienne. Compte tenu du déchaînement de violences dans le Donbass, il ne serait pas surprenant que de nombreux appelés fassent défection, comme cela avait le cas lors des vagues de mobilisation précédentes.
UE : renouer le contact avec Moscou, mais pas à n’importe quel prix
Sur le plan diplomatique, la question ukrainienne a été abordée à Bruxelles lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE de ce 19 janvier. Après la lutte contre le terrorisme islamiste, l'avenir des relations entre la Russie et l'Union était en effet l’autre gros dossier à l’ordre du jour.
« Pas de retour à la normale, pas question de faire comme si de rien n’était » : en concluant sa déclaration sur la Russie, la chef de la diplomatie européenne a sans doute cherché à rassurer les Etats partisans d’une grande sévérité envers Moscou. Accusée par certains d’être conciliante avec le Kremlin, Federica Mogherini estime que si le dialogue avec la Russie est nécessaire, notamment sur des dossiers comme la Syrie, l’Irak, l’Iran, ou la lutte contre le terrorisme, le regain de violences dans l’est de l’Ukraine et le non-respect des accords de paix de Minsk, ne permettent ni une levée des sanctions, ni un changement de politique européenne envers Moscou dans l’immédiat.
« Nos relations avec la Russie pourront changer seulement si et seulement quand les engagements pris à Minsk sont mis en œuvre, a poursuivi la cheffe de la diplomatie européenne. Mais les derniers développements sur le terrain ne sont pas encourageants, bien au contraire. »
Le débat européen ne fait que commencer. Le Conseil du mois de mars sera consacré au renouvellement des sanctions imposées à la Russie depuis le début de la crise ukrainienne.