Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
Au lendemain de l’attentat contre l’hebdomadaire satirique français, de nombreux Russes ont manifesté leur soutien à la France en se rendant devant l’ambassade avec des fleurs ou des bougies. Mais seuls quelques médias indépendants ont affiché sur leur site le bandeau « Je suis Charlie ».
Car l’opinion, si elle compatit avec les Français sur le thème de la lutte contre le terrorisme, est plus circonspecte sur la liberté d’expression. L’opposant en exil Mikhaïl Khodorkovski, qui avait demandé aux médias de publier les caricatures en signe de soutien à l'hebdomadaire français, n’a quasiment pas été suivi. Et le président tchétchène Ramzan Kadyrov, a appelé à une grande manifestation lundi contre Charlie Hebdo.
« Dieu merci ! La Russie n'a pas été touchée par cette épidémie », s'est exclamé un quotidien populaire, en évoquant les manifestations de soutien à Charlie Hebdo. Le journal s’est félicité de l’existence d’un article du code pénal qui condamne d'une lourde amende les médias qui se rendent coupables d' « incitation à la haine » raciale, inter-ethnique ou religieuse.
Ce vendredi, l'autorité de surveillance des médias a appelé les médias russes à « s'abstenir de publier » des caricatures sur Mahomet, qui iraient à « l'encontre des normes éthiques et morales établies pendant des siècles de cohabitation entre différents peuples et confessions religieuses » en Russie.