Avec notre envoyée spéciale à Istanbul, Geneviève Delrue
Resserrer un peu plus encore les liens avec le monde orthodoxe, c’était le motif du voyage du pape François. Mais venir en Turquie aux portes de la poudrière syrienne et irakienne devait lui donner une tribune pour lancer un vibrant appel au Proche-Orient et s’adresser aux autorités turques pour aider au retour à la paix dans la région.
Sur le plan œcuménique, ce voyage est une réussite incontestable et constitue un pas significatif vers le retour un jour à la pleine communion entre les Eglises d’Orient et d’Occident. Ce dimanche a donc été consacré au dialogue avec le monde orthodoxe et a été marqué par une déclaration commune signée avec le patriarche de Constantinople, Bartholomée 1er dans laquelle tous deux ont exprimé leur détermination pour le retour à la paix et à la stabilité dans la région. « Nous ne pouvons nous résigner à un Moyen-Orient sans chrétiens », ont proclamé les deux autorités religieuses, faisant allusion aux départs forcés des chrétiens et au drame des réfugiés.
Visite à de jeunes réfugiés
Mais le dialogue œcuménique a été aussi un tremplin pour lancer un message au monde musulman. Une sorte de « n’ayez pas peur » comme Jean-Paul II devait le lancer en son temps, mais d’une autre nature. Un « n’ayez pas peur » de la rencontre sereine entre les religions, un appel aussi à la solidarité entre croyants, meilleur rempart contre le fanatisme et la violence.
Le pape était venu apporter son soutien aux réfugiés, aux jeunes écoliers qu’il a rencontrés dans une trop brève visite. « J’ai beaucoup désiré cette rencontre, leur a-t-il dit, je participe à votre souffrance, ne vous découragez pas. L’Eglise catholique prend soin de votre instruction. Elle restera à vos côtés et continuera de soutenir votre cause à la face du monde. » Il les a assurés du soutien de l’Eglise avant de les bénir. C’est le visage fatigué que le pape François a repris son avion avec sa traditionnelle sacoche à la main.
Le pape appelle à une condamnation mondiale du terrorisme
Avec notre correspondant à Rome, Antoine-Marie Izoard
À bord de l’avion qui le ramenait d’Istanbul, le pape François a pris la parole pendant trois quarts d’heure. Interpellé sur l’islamophobie croissante évoquée devant lui deux jours plus tôt par le président truc Erdogan, il a indiqué que de nombreux musulmans, en effet, étaient offensés, ils ne se reconnaissaient pas lorsque leur religion était associée aux actes de terrorisme.
Puis le pape a confié avoir dit au président Erdogan « qu’il serait bon que tous les leaders musulmans, qu’ils soient responsables politiques, religieux ou universitaires, le disent clairement, qu’ils condamnent le terrorisme ». C’est une condamnation mondiale à laquelle a appelé le pape. Devant les journalistes, il a aussi évoqué les actes de christianophobie, en particulier en Irak où les chrétiens sont « chassés ».
Le pape est enfin revenu sur son temps de recueillement à la Mosquée bleue d’Istanbul, hier. « Je ne suis pas venu en Turquie en touriste, mais en pèlerin », a dit le pape qui avait contemplé avec le mufti de la ville les merveilles de la grande mosquée Sultanahmet. Et de confier : « J’ai ressenti le besoin de prier. J’ai prié pour la Turquie, pour la paix, pour le mufti, pour tous. Et pour moi qui en ai besoin. »