Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
A la tête du principal club de la capitale depuis plus de 35 ans, le fantasque Ilhan Cavcav risque fort de déplaire au président Recep Tayyip Erdogan qui ne rate jamais une occasion de monter au créneau pour défendre l’islam et ses valeurs.
Bien qu’il n’a jamais lui-même porté la barbe, M. Erdogan fut en effet footballeur semi-professionnel, il a étudié dans les lycées pour prédicateurs que vilipende le patron du Gençlerbirligi d’Ankara, et il a autorisé il y a quelques années les fonctionnaires à porter la barbe, même si cela est interdit depuis le célèbre code vestimentaire d’Atatürk.
Il n’est pas sûr que l’oukase de M. Cavcav, qu’il aurait aimé étendre à tout le championnat turc s’il n’y avait pas eu l’UEFA, ait des chances d’être respecté, mais sa surprenante sortie intervient en tous cas à un moment où la question de la barbe fait couler beaucoup d’encre, depuis que les jihadistes de l'organisation l’Etat islamique ont jeté leur dévolu sur le nord de la Syrie et de l’Irak.
Pour preuve, dans le sud-est de la Turquie, les barbus ne voulant pas être pris pour des islamistes se sont rués depuis l’été dernier chez leur barbier pour se faire raser de près. S’il n’y a pas plus de barbus dans le championnat turc qu’ailleurs dans le monde, il est vrai que le club Gençlerbiriligi d’Ankara compte un tiers de joueurs à la pilosité faciale débridée, qui ne peuvent toutes fois être pris pour des prosélytes de la religion de Mahomet.