Ukraine: élections aux nombreuses inconnues dans l’Est séparatiste

Le nombre d’électeurs est inconnu, la plupart des candidats aussi. Ce sont d’étranges élections qui ont débuté ce dimanche matin 2 novembre dans une partie de l’est de l’Ukraine. Les « Républiques » séparatistes de Donetsk et de Lougansk organisent une présidentielle et des législatives, scrutins déjà rejetés par Kiev et l’Europe. Les bureaux de vote ont ouvert à 7h, heure locale (5h TU)

Avec nos envoyés spéciaux à Donetsk, Boris Vichith et Anastasia Becchio

Des chansons patriotiques résonnent à l’entrée de l’école numéro 14, dans le centre-ville de Donetsk, ce dimanche matin. Depuis l’aube, les habitants du quartier viennent voter dans ce bureau de vote. Ce sont essentiellement des personnes âgées. En l’absence de listes électorales fiables, n’importe quel habitant de la région a le droit de voter. Ici, même s’il n’est pas inscrit, rien ne l’empêche en théorie d’aller ensuite voter dans un autre bureau.

Les autorités de la « République » autoproclamée ont édité trois millions de bulletins de vote pour ces élections, mais ne sont pas en mesure de dire combien d’électeurs sont attendus aujourd’hui. En début de matinée, on était loin de l’affluence du référendum d’autodétermination de mai dernier.

Pour faire monter le taux de participation, les autorités ont peut-être trouvé un moyen qui risque de porter ses fruits : une vente de pommes de terre, de choux et de carottes, est organisée par exemple juste devant ce bureau de vote. L’accueil y est bien plus important qu’à l’intérieur et pour cause, les prix défient ici toute concurrence : une hryvnia, soit 7 centimes d’euro le kilo.

Elections sur fond de combats

Mais il n’y a pas que les chants patriotiques que l’on entend à Donetsk ce dimanche, il y a aussi le fracas des armes, car les combats se poursuivent entre séparatistes et forces ukrainiennes. Et ce en dépit du cessez-le-feu conclu à Minsk le mois dernier, le 5 septembre.

On entend régulièrement des détonations qui arrivent même dans le centre de Donetsk. Les combats sont particulièrement violents aux abords de l’aéroport. Dans le nord de la ville, régulièrement, des obus touchent des maisons. Les habitants qui ne veulent pas quitter leur quartier vivent là-bas la peur au ventre et passent leur nuit dans des caves. Le retour de la paix, c’est d’ailleurs ce qu’attendent ici en priorité les gens qui viennent déposer leur bulletin dans l’urne.

« Ca va prendre du temps »

La non-reconnaissance du scrutin par l'Union européenne et les Etats-Unis n’inquiète pas Viktor, ancien policier de Donetsk, venu voter dans une école du centre-ville : « Je comprends que la construction de ce nouvel Etat va prendre du temps. La reconnaissance de notre Etat va aussi prendre du temps, mais l’essentiel, c’est que la Russie nous reconnaisse. Elle l’a déjà confirmé. Je pense que d’autres pays suivront, comme la Biélorussie, le Kazakhstan. Ce qui compte aujourd’hui c’est que l’on rejoigne rapidement l’union douanière avec la Russie parce que toute notre industrie est liée à l’économie russe et non pas à l’économie européenne. »

« Cette élection, poursuit l'homme, est une étape supplémentaire après le référendum d’autodétermination : le peuple a dit ce qu’il voulait et maintenant, il nous faut une légitimation par les urnes de notre pouvoir pour que celui-ci puisse ensuite discuter avec d’autres Etats. »

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