Avec nos envoyés spéciaux à Donetsk, Boris Vichith et Anastasia Becchio
Un bloc de béton barre la route qui mène au dernier village avant l’aéroport. Un rebelle armé d’un fusil automatique prévient les automobilistes : au-delà, c’est à vos risques et périls. Sur le bas-côté, des tranchées ont été creusées. « Veillez à ce qu’elles soient dégagées », ordonne l’un des chefs, visiblement nerveux.
Sous un auvent, près d’un lance-grenade, le combattant au nom de code Maradona monte la garde. « Ça tire plus fort aujourd’hui. C’est à cause des élections de demain. Ils veulent que la population soit effrayée et qu’elle n’aille pas voter, indique-t-il. Leur but, c’est de faire échouer le scrutin, que le taux de participation soit très faible. Nous, on ne les a pas dérangés pour leur élection dimanche dernier, mais eux, ils nous dérangent. »
Dans les rues avoisinantes, les passants sont rares. De nombreuses maisons ont été touchées par des obus. Celle où vit Irina, avec ses deux parents âgés et invalides, a jusque-là été épargnée, par miracle. « Là, ce qu’on entend, c’est normal. Mais ce matin, ça a tiré très fort. J’ai même descendu mes parents à la cave, parce que j’avais peur qu’un obus ne tombe sur la maison. Dans notre village, de nombreuses personnes ont été tuées, c’est pour ça qu’on a peur. Mes parents refusent de quitter leur maison et je n’ai pas le choix », confie-t-elle.
Les détonations se font de plus en plus proches. Irina renonce à aller chercher son pain. Elle doit mettre ses parents à l’abri dans la cave.