De notre correspondante à Vilnius
Le méthanier va s’appeler « Indépendance » et permettra au pays de ne plus dépendre uniquement de la Russie pour son gaz. Il pourra recevoir jusqu’à 4 milliards de mètres cubes de gaz par an, de quoi satisfaire amplement les besoins lituaniens, puisqu’en 2013, le pays balte a importé de Russie et consommé près de 2,7 milliards de mètres cubes de gaz. Vilnius a signé un accord avec le Norvégien Statoil pour des livraisons sur cinq ans. Même si le contrat entre la Lituanie et Gazprom expire en 2015, le géant russe devrait continuer quand même de fournir du gaz le petit pays de 3 millions d'habitants. En tout cas si un jour Moscou décide de fermer les vannes, la Lituanie sera désormais à l’abri de toute rupture d’approvisionnement.
Indépendance
Depuis près de vingt ans, le pays balte dépend entièrement de la Russie. Situation pour le moins inconfortable, car Moscou a souvent abusé de son monopole, notamment en faisant payer le gaz bien plus cher aux Lituaniens qu’aux autres pays de la région. L’énergie a régulièrement été utilisée comme un moyen de pression politique. Il ne s’agissait pas de gaz, mais en 2006 les Russes avaient coupé les vannes de Droujba, un oéloduc qui fournissait une raffinerie lituanienne en pétrole en signe de mécontentement. Droujba signifie pourtant « amitié » en russe. Ce terminal flottant est prévu depuis 2010 dans la stratégie énergétique du pays. La détermination des Lituaniens pour faire aboutir le projet a aussi permis de gagner sur d’autres points. Cette année, des négociations entre Vilnius et Gazprom ont permis de faire baisser le prix du gaz de 20 % et le géant russe est également devenu minoritaire dans Lietuvos dujos, « Gaz de Lituanie ».
Profit partagé
La Lettonie et l’Estonie vont pouvoir aussi bénéficier de l’installation lituanienne. Elles pourront importer du gaz en citerne depuis le terminal. La sécurité dans la région sera donc accrue. C’est une question vitale pour l’Estonie. Sans ce terminal, comme le relève une étude de la commission européenne, l’Estonie serait la plus vulnérable si la Russie fermait les vannes. Même si la part du gaz naturel dans son mix énergétique est relativement faible, 10%, l’Estonie serait sans ressource au bout de quatre ou cinq jours.