Avec notre envoyée spéciale à Edimbourg,
Les conséquences économiques ont été longuement débattues pendant la campagne ainsi que le sujet encore plus complexe de la défense. Beaucoup de questions restent encore sans réponse à l’issue de la campagne. L’Ecosse indépendante pourra-t-elle assurer sa propre défense, d’autant qu’elle veut en finir avec la base militaire de Falsane qui abrite les sous-marins nucléaires britanniques ?
« Vous aurez probablement une majorité assez nette de gens en Ecosse qui préfèrent que les installations nucléaires aillent s’installer ailleurs mais en même temps il y a 60 000 postes qui dépendent des dépenses militaires du Royaume-Uni, spécialement dans l’ouest de l’Ecosse. Et si le "oui" passe, la conséquence inévitable sera la perte d'une bonne partie de ces emplois », estime John Peterson, professeur de politique internationale à l’université d’Edimbourg.
Ces pertes d’emplois s’ajouteraient à celles d’entreprises, comme la Royal Bank of Scotland, qui envisagent de se délocaliser en Angleterre si le « oui » l’emporte. Gordon Mac Donald, député du Parti national écossais (SNP) à l’initiative du référendum, est pourtant convaincu qu’elles ne le feront pas : « Parce que d’abord nous avons une population bien éduquée. Ensuite, les Ecossais sont connus pour leur expertise dans la finance et les services, et le coût des bureaux et des logements est moins élevé que dans le reste du Royaume-Uni. Donc pourquoi ne pas prendre le contrôle de la défense, de l’économie et de notre système social, on terminerait ainsi l’aventure qu’on a commencé il y a des années et on remettrait le pouvoir aux Ecossais. »
Les promesses des indépendantistes
Beaucoup de promesses ont été faites pendant la campagne et les arguments des indépendantistes n’ont pas convaincu tous les Ecossais. La tension était palpable ces derniers jours dans le camp du « non » qui accuse les indépendantistes d’avoir menti sur tous les sujets.
Le député travailliste Jim Murphy est convaincu que les Ecossais ne sont pas dupes et que le « non » reste majoritaire en Ecosse. « Il y a une majorité tranquille en Ecosse qui ne fait pas de politique, qui travaille, qui ne se montre pas, qui ne manifeste jamais, qui, quoi qu’il arrive, va dire "non merci" le 18 septembre ». Les indépendantistes ont pourtant fait une remontée spectaculaire ces dernières semaines et pourraient, d’après les instituts de sondages, devancer les partisans d'un royaume toujours uni.
Le « non » était donné gagnant depuis des mois, et ce retournement de tendance a surpris tout le monde. Si l'indépendance venait à être choisie par la majorité des votants, « le parti au pouvoir, le SNP, veut réunir une équipe qui inclurait les partis d’opposition pour négocier avec Londres l’union monétaire et le partage de la dette, anticipe Nathalie Duclos, maître de conférence à l’université de Toulouse. En revanche, si le "non" l’emporte, des réformes doivent avoir lieu. Elles donneraient plus d’autonomie à l’Ecosse. Ces réformes prendraient la forme de plus d’autonomie dans le domaine fiscal. »