Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
« S’ils expriment le souhait de venir en Turquie, nous étudierons leur demande », a déclaré le président Recep Tayyip Erdogan aux journalistes qui l’accompagnaient à son retour lundi d’une visite officielle dans l’émirat du Qatar. Ses propos n’ont guère surpris, puisque la Turquie, qui abrite depuis le massacre de Hama en 1982 les responsables des Frères musulmans syriens, a noué avec les responsables des autres pays faisant leur printemps arabe des liens très étroits ces dernières années. Ils ont été souvent invités en Turquie et ils seraient même en ce moment en train de s’organiser en une sorte de fédération mondiale, qui devrait avoir son siège officieux à Istanbul.
Les malheurs des Frères musulmans égyptiens, depuis le renversement par l’armée égyptienne du président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013, ont d’ailleurs suscité la colère du même Erdogan, alors qu’il était Premier ministre, ainsi qu’une vague de sympathie parmi les islamistes turcs, proches de l’AKP au pouvoir. Leur signe de ralliement, la main aux quatre doigts tendus ou « Rabia », est d’ailleurs régulièrement brandi par les ministres du gouvernement.
Aucune demande de résidence n’a été pour l’instant adressée aux autorités turques de la part des intéressés, mais il ne fait guère de doute qu’elle recevrait une réponse favorable. Ce qui ne manque pas d’inquiéter ceux qui trouvent que la Turquie devient de plus en plus un repaire pour les mouvements islamistes de la région, simples politiques ou militants armés.