Immigration: l’Italie adopte de nouvelles mesures

Plus de 100 000 migrants ont débarqué sur les côtes du sud de l’Italie depuis le début de la mission italienne « Mare Nostrum », lancée le 18 d’octobre 2013, après les deux tragiques naufrages dans le canal de Sicile qui ont fait 626 victimes. Les records de migrations pendant le printemps arabe de 2011, un peu plus de 64 000 débarquements, sont donc largement battus. Bien que très critiquée par l’opposition, l’opération « Mare Nostrum » devrait se poursuivre tant que la situation en Libye ne sera pas stabilisée.

Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir

Plus de 4 000 personnes ont été secourues par la marine italienne dans le cadre de l’opération aéronavale « Mare Nostrum », seulement au cours des cinq derniers jours. Depuis le début de l’été, c'est quasiment chaque jour que des migrants essaient d’atteindre les côtes italiennes.

Selon les sources du ministère italien de l’Intérieur, 90 % des migrants et réfugiés transitent par la Libye et 70 % d’entre eux considèrent l’Italie comme une porte d’accès à d’autres pays européens comme la France, l’Allemagne, la Suède et le Danemark.

L'essentiel des réfugiés est constitué d’Érythréens de Syriens, de Maliens et de Soudanais. Il faut souligner que le nombre de mineurs non accompagnés a sensiblement augmenté depuis janvier, soit plus de 8 200 d’après l’Ong Save the Children.

60 % des migrants qui arrivent en Italie, via la Méditerranée, sont en droit de demander une protection humanitaire, précise le ministère de l'Intérieur italien.

Comment l’Italie affronte- elle la situation, notamment en termes de protection et d’accueil des réfugiés ?

Rome continue de lancer des appels aux partenaires européens pour plus obtenir plus de solidarité. La Mission « Mare Nostrum » coûte plus de 9 millions d’euros par mois et le coût d’un réfugié – logement, vêtements et nourriture compris – est de 30 euros par jour.

Lors du dernier conseil des ministres, plusieurs mesures ont été adoptées. Le nombre de commissions territoriales pour les demandeurs d’asile sera doublé passant de 10 à 20. Cela devrait permettre de réduire les délais d’obtention du statut de réfugié. Actuellement, il faut compter environ un an d’attente après les procédures d’identification.

D'autre part 700 millions d’euros ont été débloqués pour créer, dans chaque région du pays, 10 000 nouvelles places dans les centres d’accueil. Des casernes et autres bâtiments militaires abandonnés seront utilisés. Par ailleurs, les mineurs vont être hébergés dans des structures protégées, car ce sont des proies faciles pour les organisations criminelles.

Les Italiens partagés sur la mission « Mare Nostrum »

Le pays est très partagé. Les partis de droite demandent de stopper cette opération qui selon eux est « un échec », car elle « favorise les départs de migrants des côtes libyennes ». Le Parti démocrate, principale force au pouvoir, estime lui que cette mission, qui a largement fait ses preuves sur le plan humanitaire, doit se poursuivre tant que la situation en Libye restera aussi chaotique. Un point sur cette opération sera fait ce jeudi en Sicile, à Lampedusa l’île symbole de l’accueil des migrants, par le ministre de l’Intérieur Angelino Alfano.

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