Avec nos correspondants et envoyés spéciaux dans la région,
Où sont les corps ? C'est la grande question du jour, alors que le ministère ukrainien des Situations d'urgence s'est plaint de pressions répétées des groupes armés séparatistes.
Après trois jours de recherches, 198 dépouilles ont été retrouvées sur les 298 victimes du crash, rapporte notre corresponbdant en Ukraine, Sébastien Gobert. Elles ont d'abord été entassées sur des camions par les rebelles et emmenées au loin, sans que leur destination ne soit précisée.
Selon l'Organisation de sécurité et de coopération en Europe (OSCE), les enquêteurs internationaux pourront bientôt examiner les dépouilles de 169 des 298 victimes. Ces corps ont été conservés dans un train réfrigéré, affirme l'OSCE. La destination de ce train, qui a quitté Torez dans la matinée n'est, par contre, pas connue, a indiqué le porte-parole de l'OSCE, Michael Bociurkiw.
Aucune supervision internationale
L'enlèvement des dépouilles a été conduit sans la moindre coordination avec les missions internationales. De nombreuses missions d'observations et d'enquête sont encore à des centaines de kilomètres du site, à Kiev, où elles s'organisent en termes de sécurité.
Les rebelles ont assuré ne pouvoir les accueillir sur place qu'une fois un cessez-le-feu conclut avec le gouvernement ukrainien. Dans le contexte de ce tragique dialogue de sourds, il est impossible de dire quand les corps pourront tous être retrouvés, identifiés, rapatriés, et rendus à leurs familles.
Hollande, Cameron et Merkel exhortent Poutine à l'action
Mais trois jours après le crash en Ukraine du vol MH17 de la Malaysia Airlines la question reste entière : comment enquêter en zone de conflit ? Les pays occidentaux sont sur la même ligne. Vladimir Poutine est sommé par les grandes puissances de l’ouest de prendre ses responsabilités à l’égard des séparatistes, soupçonnés d’avoir tiré le missile qui a abattu l’avion avec 298 passagers à son bord. L’objectif est de faciliter le déroulement de l’enquête internationale sur le crash.
Dans un communiqué de l'Elysée, le président français, François Hollande, la chancelière allemande, Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron « exigent » de Vladimir Poutine « qu'il obtienne des séparatistes ukrainiens le libre et total accès » à la zone du crash du vol MH-17, dans l’est de l’Ukraine, selon un communiqué de l'Elysée.
Le double discours du Kremlin
Mais le président russe n’est pas un homme qui se laisse dicter sa conduite. Au Kremlin, on tient donc un double discours. Celui de la fermeté, d’abord : Anatoli Antonov, le vice-ministre russe de la Défense accuse les Européens de mensonge. Selon lui, Moscou n’est impliqué ni de près ni de loin dans cette affaire.
Dans une intervention télévisée, Anatoli Antonov a dressé une liste de dix question, dont il assure que les réponses « pourrait permettre à nous tous, pas seulement la Russie, mais également l'Occident et l'Asie, de tenter de trouver une réponse à la question fondamentale: que s'est-il passé dans le ciel ukrainien et que pouvons-nous faire pour que cela ne se reproduise plus ? ». Il interroge notamment le gouvernement ukrainien sur l’utilisation de missiles sol-air par les troupes déployées dans l’est de l’Ukraine, face à des séparatistes dont il souligne qu’ils n’ont pas d’aviation.
Le Kremlin développe également un discours plus lice, plus conciliant, dans lequel le rôle du « gentil » est incarné par Vladimir Poutine lui même. Samedi, le président russe a ainsi passé des heures au téléphone avec Angela Merkel, la chancelière allemande. Un entretien à l’issue duquel ils sont parvenus à trouver un accord pour la mise en place d’une enquête internationale et indépendante placée sous la direction de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).
Et, preuve que Vladimir Poutine est écouté dans l’est de l’Ukraine, les séparatistes ont accepté que les enquêteurs internationaux viennent faire leur travail. Finalement, ils rendent service au président russe qui apparait comme celui grâce à qui l’enquête va pour pouvoir démarrer.