Ce matin la presse est en berne : la plupart des Unes des quotidiens malaisiens sont passées de la couleur au noir et blanc. Elles respectent le deuil national décrété dans la nuit de vendredi à samedi par le Premier ministre Najib Razak. Un deuil de trois jours, pour honorer la mémoire des 298 passagers, et notamment des 44 Malaisiens. On apprend d’ailleurs ce matin que le Premier ministre lui-même avait de la famille à bord.
On découvre les vies de ceux qui avaient embarqués. C’est ce qui occupe les Malaisiens aujourd’hui. Et c’est un deuil qu’ils accueillent presque avec soulagement parce c’était une étape quasiment impossible à vivre pour eux dans la disparition du MH370 qui les a secoués, il y a quatre mois. Dans ce cas on a un crash terrible, celui du MH17, mais au moins, on sait où sont les victimes et à peu près, ce qui s’est passé.
Quatre mois et demi après le premier crash, la Malaysia Airlines et les autorités malaisiennes sont beaucoup plus maîtres de la situation. Ils sont plus organisés, plus clairs, moins hésitants sur les circonstances. Plus professionnels aussi : ils maîtrisent dorénavant correctement le langage aéronautique et ont malheureusement quatre mois d’expérience maintenant derrière eux. Ils ont un peu tiré les leçons du MH370. Vendredi 18 juillet, certains se plaignaient de la lenteur de la compagnie pour vérifier la liste des passagers. Mais Malaysia Airlines s’en est tenue à sa méthode de vérification systématique.
Remboursement intégral
Paradoxalement, le cas du crash du MH17 est plus facile pour les autorités. Très vite, ils se sont posés en victimes d’un conflit géopolitique global qui les dépasse. De plus, ils ne sont pas en charge de l’enquête, contrairement au cas du MH370 – encore non résolu.
La Malaysia Airlines a annoncé proposer le remboursement intégral des billets des passagers qui ne souhaiteraient plus voler sur sa compagnie. Dans un communiqué assez incroyable, elle assure que n’importe qui peut modifier ou se faire rembourser n’importe quel billet acheté chez elle, y compris les billets non remboursables.
Cela pourrait peser très lourd, dans ses comptes qui sont déjà plutôt mauvais. Malaysia Airlines est une compagnie aérienne détenue largement par le gouvernement, qui perdait un million et demi de dollars par jour l’an dernier. Les économistes ici lui prédisaient une meilleure santé pour 2014. Mais bien entendu, ils ont changé leurs positions dès l’affaire du MH370.
Avec le crash du MH17, certains analystes économiques spécialisés dans l’aéronautique affirment même que Malaysia Airlines aura du mal à éviter la faillite. Vendredi, à la bourse de Kuala Lumpur, son titre était déjà en baisse de 11 %.