Le président Petro Porochenko affirme qu’il ne décrètera pas de cessez-le-feu tant que le contrôle de la frontière russo-ukrainienne, par laquelle sont susceptibles de transiter des armes et des combattants, ne sera pas total. Mais pour que ce contrôle puisse être effectif, il faut que les armes se taisent. C’est un cercle vicieux, dont on voit mal comment les protagonistes pourraient sortir rapidement.
Les représentants de la mission de l’OSCE, chargés notamment d’observer la situation aux postes-frontières, n’y ont justement pas accès, en raison des combats qui se poursuivent : c’est ce qu’a souligné la chancelière allemande, Angela Merkel.
Des stratégies diplomatiques différentes
Autre condition posée par la présidence ukrainienne : la libération de tous les otages. Il y a ceux qui sont aux mains des séparatistes. Il y a aussi le cas de cette pilote de l’armée ukrainienne, détenue et inculpée en Russie, qui l’accuse d’être responsable de la mort de deux journalistes russes tués en juin dans l'est de l’Ukraine. Moscou refuse la libération de la jeune femme, qu’un tribunal russe a décidé de maintenir en détention provisoire jusqu’au 30 août. Cet épisode ne risque pas d’améliorer les relations entre les deux voisins, dont les stratégies diplomatiques divergent. Si Moscou plaide pour un cessez-le-feu durable et sans condition, Kiev y met des conditions, qui semblent assez difficilement tenables.
A plusieurs reprises, les autorités ukrainiennes ont déclaré qu’elles ne négocieraient pas avec les rebelles tant que ceux-ci n’auraient pas déposé les armes. Une perspective difficilement envisageable en l’état actuel des choses. Les séparatistes ont certes quitté leurs bastions de Sloviansk et Kramatorsk, la semaine dernière, mais ils se sont regroupés à Donetsk. Leur fuite, présentée par certains comme un repli tactique, n’a en rien entamé leur détermination à poursuivre le combat.
Un dialogue de plus en plus hypothétique
Jeudi 10 juillet, Igor Guirkine, dit Strelkov, ancien officier du renseignement russe, qui a pris la tête des séparatistes, a fait une rare apparition en public pour assurer qu'il n'avait aucune intention de battre en retraite.
Dans ces conditions, le dialogue entre représentants de Kiev et séparatistes, qu’appellent de leurs vœux Berlin, Paris ou Moscou, semble de plus en plus hypothétique.
Sur le terrain, les combats se poursuivent. Les forces gouvernementales cherchent à encercler les deux capitales régionales, Lougansk et Donetsk. Des combats à l’arme lourde font rage pour la deuxième journée consécutive, aux abords de l’aéroport de Donetsk. Les forces de Kiev ont perdu ce vendredi 23 hommes, selon un bilan officiel, l'un des plus lourds depuis le début du conflit.
Vendredi sanglant dans l'est de l'Ukraine
Les combats s'intensifient entre l'armée et les séparatistes pro-russes. 23 militaires ukrainiens ont été tués et 93 autres blessés au cours des dernières 24 heures
Avec notre envoyé spécial à Donetsk, Damien Simonart
Parmi les 23 morts côté ukrainien, 19 soldats ont été tués par une salve de roquettes multiples dans la région de Lougansk. Des combats meurtriers ont également eu lieu à la frontière russe, au poste d'Izvarine, finalement repris par l'armée ukrainienne. A Donetsk, les affrontements à armes lourdes se poursuivent à l'aéroport, toujours contrôlé par l'armée.
Au cours d'une réunion avec de hauts responsables militaires, le président ukrainien Petro Porochenko a affirmé que chaque militaire tué aurait pour conséquence la mort de dizaines et de centaines de rebelles pro-russes. Ces derniers ne communiquent pas sur leur nombre de victimes. A Kiev, les responsables de l'« opération anti-terroriste » affirment toutefois que l'aviation ukrainienne a liquidé une centaine d'entre eux.
Alors que l'armée tente toujours d'encercler les régions de Donetsk et de Lougansk, les civils continuent de fuir. Ce matin à la gare de Donetsk, des dizaines de personnes - dont des familles - ont pris des trains en direction de l'ouest de l'Ukraine ou de la Russie, sans savoir si elles reviendront un jour ici.