Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
Pour le président russe, le chef de l’Etat ukrainien porte l’entière responsabilité de la reprise des combats. Et pour la première fois, il en assume la responsabilité à la fois militaire et politique. Il a regretté cette décision, prise en dépit des efforts de la Russie et des pays européens pour l’en dissuader.
Il note que pendant la trêve, il n’y pas eu de négociations sur le règlement de la crise, mais un simple ultimatum sur le désarmement. « Ce n’est pas suffisant pour un règlement sur une base acceptable par l’ensemble de la population » a déclaré le président Poutine. Evoquant la mort de plusieurs journalistes dans l’est de l’Ukraine, il a estimé qu’il y avait une volonté d’éliminer les représentants des médias, par ceux qui ont peur d’une information objective.
Poutine s'est affiché en défenseur de l'Europe contre le « chantage» américain
Moscou continuera de défendre les populations appartenant au « monde russe ». Le monde russe, selon le président Poutine, regroupe les populations d’origine russe, les russophones mais aussi ceux qui se sentent de culture russe, de religion orthodoxe, ou qui ont le sentiment de faire partie de l’histoire de la Russie. Ce concept est de plus en souvent évoqué pour justifier la politique étrangère russe actuelle. Une Russie qui refuse « un rôle d’observateur neutre », qui refuse un « monde unipolaire » et la poursuite de la « politique d’endiguement » à son égard.
Vladimir Poutine, désigne implicitement les Etats-Unis, avec lesquels « les relations ne sont pas au mieux », mais ce n’est la de la faute de la Russie, « dont les intérêts sont souvent ignorés », et qui reclame des relations sur une « base égalitaire ».
Selon le président Poutine, les Etats-Unis actuellement exercent un « chantage » sur les banques françaises pour empêcher Paris de vendre des navires de guerre à la Russie. L’Europe qui, selon Vladimir Poutine, est « otage d'approches idéologiques à courte vue » doit prendre des mesures pour se préserver des tentatives de déstabilisation, comme celles qui ont eu lieu en Syrie, en Irak ou en Ukraine. Et Vladimir Poutine demande à son ministre des Affaires étrangères de faire des propositions pour établir en Europe « un filet de sécurité ».
Concernant la guerre du gaz, il a réaffirmé que la Russie était un fournisseur fiable pour l’Europe, tandis que l’Ukraine a recours au chantage, demandant une baisse de prix alors qu’elle ne respecte pas l’accord signé en 2009. Pour l'instant, la Russie n'entreprend rien contre les pays européens qui revendent une partie de leur livraison de gaz à l'Ukraine, afin de ne pas détériorer la situation.