Ukraine: libération d'une deuxième équipe de l'OSCE

Les rebelles pro-russes de l'est de l'Ukraine ont libéré ce samedi une deuxième équipe d'obervateurs de l'OSCE enlevée fin mai. Un geste qui pourrait favoriser la consolidation de la trêve. Le cessez-le-feu dans l'Est a été prolongé jusqu'au lundi 30 juin sur ordre du président Petro Porochenko. Mais la trêve n'a en fait jamais été respectée, et beaucoup sur place se demandent ce qu'un répit peut apporter. Sur le terrain, le scepticisme règne.

Avec notre envoyé spécial à Donetsk, Damien Simonart

Deux jours après la libération d'un premier groupe d'observateurs de l'OSCE, les rebelles pro-russes ont libéré ce samedi soir les quatre derniers membres de l'organisation. Il s'agit de trois hommes et une femme qui étaient retenus depuis un mois. Ils ont été ramenés sains et saufs à Donetsk.

La libération de ces quatre derniers membres de l'OSCE avait été annoncée en fin d'après-midi sur les réseaux sociaux. A 21 heures locales, une fourgonnette est arrivée devant un hôtel du centre de Donetsk, là même où les quatre premiers observateurs avaient été libérés dans la nuit de jeudi à vendredi.

Le scénario de leur libération a été identique : les quatre ex-otages sont allés directement dans un appartement de l'hôtel sans faire de commentaires. Mark Etherington, le numéro deux de la mission de l'OSCE en Ukraine, a remercié tous ceux qui ont contribué à leur libération.

Quant à Alexandre Borodaï, le Premier ministre de la République autoproclamée de Donetsk, il estime que les séparatistes pro-russes ont « rempli leurs obligations. Huit personnes avaient disparu, huit personnes ont été retrouvées ».

Ces deux libérations coup sur coup ne garantissent toutefois aucune accalmie dans l'est de l'Ukraine où trois soldats des forces gouvernementales ont été tués depuis le début du week-end.

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Des combats continuent d'éclater dans l'Est

Avec notre envoyé spécial à Sviatogorsk, à 30 kilomètres au nord du bastion rebelle de Sloviansk, Sébastien Gobert

Des coups de feu retentissent au loin depuis Sloviansk. Des combats ont éclaté dans la ville dans l'après-midi, faisant au moins deux morts et des blessés. Des combats avaient aussi éclaté la nuit d'avant. Rien de vraiment nouveau dans la région, où la semaine de cessez-le-feu a été marquée par des affrontements quasi quotidiens.

Svetlana Ivanovna est elle-même de Sloviansk, elle travaille sur un marché dans la ville voisine de Svetogorsk. Pour elle, tout cela est une perte de temps tragique : « Un nouveau cessez-le-feu, ça ne va rien changer, cette situation doit s'arrêter le plus rapidement possible. C'est terrible, mais c'est la guerre. Et à la guerre il faut quelqu'un qui gagne et quelqu'un qui perd. C'est comme ça, tout le monde le comprend, et l'armée a beaucoup plus de moyens et beaucoup plus d'hommes ».

Ici, malgré l'espoir d'une solution rapide, personne ne croit à la réussite de négociations menées à Donetsk. Des négociations pour le moins étranges, qui se tiennent sans grande coordination avec le gouvernement central. Dans la région, il y a beaucoup de ressentiment à l'égard de l'armée ukrainienne et du gouvernement de Kiev, même si les séparatistes ont perdu beaucoup de soutiens populaires.

Ce qui est sûr, c'est que leurs positions semblent bien consolidées. Ils contrôlent au moins deux postes-frontières avec la Russie et peuvent y faire passer hommes et équipement. Et à en croire les déclarations de leurs dirigeants, et les combats sur le terrain, la plupart des rebelles ne semblent pas près de déposer les armes. Causant, notamment, l'exode de milliers de familles.

L'angoisse d'un prolongement du conflit

Selon l'ONU, ils seraient en effet 40 000 à avoir quitter leurs domiciles dans l'est de l'Ukraine.
A Sviatogorsk, à 30 kilomètres au nord du bastion rebelle de Sloviansk, sont déjà logés environ 20 000 personnes.

Cette année, on ne voit aucun touriste se prélasser sur les bords de la rivière Donets, en face du monastère de la Laure. 500 personnes y sont logées. La mairie n'est pas en reste, transformée en centre d'accueil pour enregistrer les quelque 20 000 déplacés de l'est de l'Ukraine, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées. Pour l'instant, tous ceux qui en ont besoin sont logés, principalement dans les nombreux hôtels de la ville.

« Nous leur fournissons aussi de l'aide matériel, de la nourriture, des vêtements et autres. Nous recevons aussi beaucoup de dons des habitants de la ville. Nous les aidons de toutes les manières possibles », plaide Oleg Malouta, l'assistant du maire.

Des volontaires se chargent de la plupart du travail logistique. Aucune organisation internationale n'est présente sur place, car la situation n'est pas reconnue comme une urgence humanitaire. De fait, peu sont ceux qui ont directement vécu les horreurs de la guerre. Olga Ovechkina est originaire de Sloviansk, elle loge au monastère de la ville avec ses deux enfants.

« Pendant un certain temps c'était supportable, on pouvait rester à l'écart, raconte-elle. Mais quand ils nous ont coupé l'eau et l'électricité et qu'en plus il y a eu de plus en plus de bandits et de cambriolages, j'ai dit c'est fini, je n'en peux plus, on part. »

Plus que les besoins matériels, le traumatisme psychologique appelle à un traitement sérieux. Et pour tous ces déplacés, l'angoisse est bien réelle d'un enlisement du conflit, qui les maintiendrait loin de chez eux pendant une durée indéterminée.

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