Deux sujets domineront la partie politique du sommet. L’Ukraine, avec la signature du volet économique de l’accord d’association avec l’Union européenne, et avec une discussion sur la situation au pays pendant le déjeuner de travail, le vendredi 27 juin.
C’est lors du même repas que les dirigeants aborderont le deuxième sujet très attendu. Ils désigneront, sauf coup de théâtre de dernière minute, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker comme nouveau président de la Commission européenne. La Grande-Bretagne et la Hongrie tentent toujours de s’y opposer, mais elles ne disposent pas de minorité de blocage au sein du Conseil. (voir encadré)
Les participants au sommet discuteront également de l’immigration, d’une éventuelle réforme de l’espace Schengen, de l’approfondissement de la zone euro, de questions énergétiques et de réformes économiques. Les dirigeants de gauche, François Hollande et Matteo Renzi en tête, ont clairement signalé qu’ils souhaitaient que l’Europe favorise l’investissement et la croissance, et se concentre moins sur les politiques d’austérité. Le président français vient d'ailleurs de publier un « agenda pour la croissance et le changement ».
Changer de politique
Quand il a découvert cette lettre que François Hollande a adressé au président du Conseil européen, un socialiste très critique depuis deux ans sur les orientations politiques du chef de l'Etat s'est écrié « enfin un texte de gauche. Je retrouve l'homme du Bourget », en référence au fameux discours prononcé par François Hollande au Bourget pendant sa campagne présidentielle.
Juste après son élection, François Hollande avait échoué à réorienter l'Europe et à renégocier le traité de stabilité budgétaire. Deux ans plus tard, le président français n'est pas vraiment en position de force, les socialistes français ont essuyé une puissante défaite aux élections européennes et le Front national est arrivé en tête. Mais c'est précisément l'argument central de François Hollande : l'Europe doit changer de politique pour répondre aux aspirations des peuples.
La France et l’Italie, d'ailleurs, ne sont pas seules, puisqu'elles ont le soutien de tous les sociaux-démocrates européens. Une longue négociation s'annonce. Pas sûr d'ailleurs que le futur président de la Commission, le très libéral Jean-Claude Juncker, ait le profil idéal pour desserrer l'étau de la rigueur.
■ VU DU ROYAUME-UNI : David Cameron dans ses petits souliers
Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delocroix
Après un combat très public, les Britanniques s’attendent désormais à voir leur Premier ministre recevoir le coup de grâce au cœur de l’arène européenne. David Cameron et derrière lui l’ensemble de la classe politique à Londres, s’opposait avec véhémence au candidat luxembourgeois Jean-Claude Juncker, jugé trop « fédéraliste » et trop peu enclin à mettre en œuvre les réformes de l'Europe exigées par le Royaume-Uni.
David Cameron clamait d’ailleurs avoir le soutien tacite de nombreux dirigeants européens. Mais ses alliés l’ont abandonné les uns après les autres et le prenant au mot, les autres pays européens ont accepté de procéder au vote que le britannique réclamait, sachant que la majorité en faveur de Jean-Claude Juncker devrait être écrasante.
Le chef du gouvernement britannique risque donc de sortir de cette bataille considérablement affaibli et isolé à Bruxelles, lui qui a pourtant besoin d’alliés pour négocier d’importantes réformes au sein de l’Union et faire ainsi campagne pour le maintien de Londres dans l’Europe lors du référendum qu’il a promis en 2017. Mais l’intransigeance de David Cameron pourrait aussi lui coûter cher sur le plan intérieur : les électeurs pourraient se détourner d’un dirigeant qui n’arrive pas à imposer ses vues à Bruxelles et voter résolument pour une sortie de leur pays de l’Europe.