Avec notre envoyé spécial à Sloviansk, Damien Simonart
Cessez-le-feu ou pas, pas une seule nuit ne se déroule dans le calme à Slaviansk depuis plus de deux mois. Des tirs d'artillerie lourde résonnent par intervalle dans la ville où les barrages tenus par les séparatistes sont de plus en plus nombreux.
Les insurgés sont bien équipés : armes automatiques, mortiers, lance-roquettes et même batteries anti-aériennes. Ces dernières sont souvent bâchées sur des remorques, elles-mêmes cachées sous les arbres.
Une quarantaine d'attaques depuis lundi
Mardi en fin de journée, les séparatistes ont abattu un hélicoptère militaire, venu selon des sources officielles faire une mission de reconnaissance dans les environs de Sloviansk. Neuf militaires ont perdu la vie dans le crash de l'appareil. D'après les forces gouvernementales, l'armée ukrainienne aurait subi une quarantaine d'attaques depuis lundi malgré l'accord des séparatistes pro-russes de respecter le cessez-le-feu.
En réponse à ce regain de violence sur le terrain, le président ukrainien Petro Porochenko a menacé de suspendre la trêve, finalement maintenue jusqu'à demain soir. Mais les habitants de Sloviansk, dont la moitié de la population a fui, s'attendent encore à de longues semaines de combats.
Quotidien difficile
Une situation d'autant plus difficile à vivre que l'eau, l'électricité et l'aide humanitaire font défaut. En témoigne ainsi Marina, une habitante dont la maison a été détruite par l'explosion d'un obus : « Je vis chez des amis, des gens bien, mais j'ai honte de devoir demander souvent de l'aide aux gens. » Alors Marina fait la queue, comme beaucoup, devant un petit hangar préfabriqué. Tous attendent, chaque jour, de pouvoir recevoir gratuitement de la nourriture.
D'après les autorités de Sloviansk, l'aide alimentaire provient de Russie et de Crimée. Aujourd'hui, chaque habitant a droit à une boîte de conserve et un kilo de semoule. Une demi-douzaine de bénévoles dont Nikolai s'occupent de la distribution après avoir vérifié les pièces d'identité de chaque personne : « Nous leur distribuons principalement des céréales, des pâtes, des boîtes de conserves, de la viande et du poisson en boîte, explique ce dernier. Il y a aussi beaucoup de produits pour les enfants, notamment des couches-culottes. »
Pour l'eau potable, les habitants de Sloviansk attendent tous les matins un camion pour remplir leurs bidons. Privés également d'électricité, ils doivent vivre à la bougie dès la nuit tombée.