Les séparatistes ont attendu d’être à la veille de l’expiration de l’ultimatum pour annoncer qu’ils étaient prêts à participer à de nouvelles discussions avec des représentants des autorités de Kiev, de Moscou et de l’OSCE, pour tenter de mettre fin au conflit qui a déjà fait plus de 400 morts.
Les consultations doivent se dérouler aujourd’hui, selon Andreï Pourguine, l’un des dirigeants de la « République populaire » autoproclamée de Donetsk. L’annonce des séparatistes a été prise avec méfiance par le président ukrainien, qui attend des gestes de bonne volonté de la part des insurgés, qu’il accuse de violer constamment le cessez-le-feu. « Ce sera un jour très important : si les conditions de notre plan de paix ne sont pas acceptées, nous prendrons une décision lourde de conséquences », a annoncé Petro Porochenko devant l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.
En clair, si les négociations d’aujourd’hui n’aboutissent pas à un résultat jugé satisfaisant par Kiev, le cessez-le-feu gouvernemental prendra bien fin à 22 h. Accueilli aujourd’hui à Bruxelles – où il a signé l'accord d'association avec l'UE qui avait été l'une des causes du début des troubles en Ukraine, en novembre 2013 –, le chef de l’Etat ukrainien est sous pression pour tenter de trouver une issue à la crise. De son coté, président russe Vladimir Poutine a exprimé le souhait que soit prolongé le cessez-le-feu.
Pour le politologue russe Dmitri Orechkine, le président russe a tout intérêt à une prolongation formelle du cessez-le-feu de la part de Kiev pour affaiblir l'Ukraine : « Si Porochenko cède et sort du cessez-le-feu, il va être accusé de ne pas avoir respecté le cessez-le-feu. Si il ne réagit pas, les radicaux ukrainiens vont le critiquer, parce qu‘il ne répond pas aux attaques. Donc faire prolonger le cessez-le-feu n’arrange pas Porochenko. Mais ça arrange Poutine parce qu’il voit que Porochenko ne peut pas répondre, que l’Ukraine ne peut pas répondre, et les insurgés peuvent continuer à tuer les soldats ukrainiens. »
Malgré la bonne volonté affichée de part et d'autre, les combats, qui ont fait plus de 400 morts depuis le mois d'avril se sont poursuivis ces derniers jours dans le bassin industriel russophone du Donbass.
■ ZOOM : Quatre observateurs de l’OSCE libérés
Avec notre envoyé spécial à Donetsk, Damien Simonart
Escortés par un groupe de séparatistes pro-russes, les quatre observateurs de l'OSCE sont arrivés peu avant 2 heures du matin dans un hôtel de Donetsk. Il s'agit d'un Danois, d’un Turc, d’un Suisse et d’un Estonien. Les quatre ex-otages n'ont pas fait de commentaire. Pour Mark Etherington, le numéro deux de la mission de l'OSCE en Ukraine, leur libération est un immense soulagement. « Ce soir, nous saluons le retour de nos quatre observateurs de la mission de monitoring de l'OSCE après 31 jours de captivité, a déclaré ce dernier. Nous sommes profondément reconnaissants envers tous ceux qui ont contribué à leur libération. »
Enlevés le 26 mai par des rebelles pro-russes, les quatre observateurs ont été détenus dans la région de Lougansk et ne semblent pas avoir été maltraités. Présent lors de leur libération, le Premier ministre de la République autoproclamée de Donetsk, Aleksander Borodaï, affirme qu'il n'y a pas eu de contrepartie : « Pour être franc, il n'y a pas eu de négociations. Juste des consultations. J'insiste là-dessus et j'espère que la communauté internationale va nous comprendre. »
Alors que le cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine prend fin ce vendredi soir, cette libération marque un geste fort des séparatistes pro-russes. Quatre autres observateurs de l'OSCE, enlevés le 29 mai, sont toutefois encore détenus en Ukraine.