Avec notre correspondant à Istanbul,Jérôme Bastion
C’est très probablement le glas d’un processus de paix kurde auquel plus grand monde ne croyait, 18 mois après avoir été rendu public, qui a sonné samedi soir dans le Kurdistan turc. En tirant à balles réelles sur des civils qui s’opposaient à la construction d’un fortin militaire en bloquant la route qui y mène, l’armée a sans doute franchi un point de non-retour risquant fort de relancer un conflit armé en sommeil depuis des années.
Car depuis des semaines déjà, les incidents se multipliaient dans la région, à cause de cette négociation de plus en plus dans l’impasse : des kidnappings, des sabotages, et des mises en garde sans équivoque de la part des dirigeants de la rébellion du PKK.
Et ce qui est déjà qualifié de « massacre » par l’opinion publique kurde risque fort de mettre un terme au dialogue de sourds ou de dupes qui prévalait depuis le printemps dernier. Très rapidement en tous cas on devrait savoir si le chef du gouvernement Recep Tayyip Erdogan a encore les moyens de prétendre réaliser son ambitieux pari de mettre définitivement fin à la plus longue et plus meurtrière rébellion kurde, prête désormais à reprendre le sentier de la guerre.