Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Ce prénom ne sera peut-être pas facile à porter en toutes circonstances. En revanche, il fera au moins la fierté de sa propriétaire dans sa région et dans les zones kurdes des pays voisins. En effet, elle est certainement la toute première à le porter; en Turquie, mais également en Syrie, en Irak et en Iran.
L’affaire n’aura pas été des plus simples. La petite fille, née il y a maintenant deux ans, avait été d’abord débaptisée par un tribunal local, qui estimait que ce mot était trop étroitement associé au désir d’autonomie du peuple kurde de Turquie, et donc séditieux.
Mais les temps changent, bon an mal an. Il y a 13 ans, la même cour de cassation avait déjà brisé un tabou en autorisant l’utilisation de prénoms kurdes. Aujourd’hui, à la faveur d’un processus de négociation avec la rébellion kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et d’une volonté affichée de réconciliation avec la population kurde, cette cour en a brisé un autre.
Ainsi, c’est un nouvel interdit qui disparaît. Il faut, en tout cas, espérer pour la petite « Kurdistan », qui vivait depuis deux ans avec le prénom Helin, que ce processus aille à son terme, sans quoi il ne lui restera plus qu’à demander un nouveau changement d’identité.