Avec notre envoyé spécial en Syrie, Jérôme Bastion
Journée traditionnelle de mobilisation et de contestation du pouvoir baasiste à Kobané dans le Kurdistan syrien. Ici pourtant, rien n’est comme dans le reste de la Syrie. Après dix-huit mois d’un soulèvement populaire violemment réprimé partout ailleurs - et qui a tourné à l’insurrection armée -, cette vaste région a, elle, échappé à la guerre civile.
Autonomie de fait
Pas un coup de feu n’a été tiré. Mieux que cela, les troupes régulières et toute l’administration du pouvoir central se sont subitement retirées, permettant aux Kurdes de jouir d’une autonomie de facto tout à fait inattendue. C’était le 19 juillet dernier. Le départ de Bachar el-Assad et l’autonomie dans une future Syrie fédérale, voilà ce que réclament les manifestants.
Depuis, les quatre millions de Kurdes de Syrie gèrent pour la première fois, seuls, leur région, collée à la Turquie et à l’Irak. Mais ils savent qu’ils ne sont pas tout à fait maîtres de leur destin.
Les milices se préparent
S’il n’y a ici ni force loyaliste, ni insurrection armée, ni armée syrienne libre, ni terrorisme islamiste, personne ne doute que dès que surviendra la chute de Bachar el-Assad et de son régime, les armes parleront et le sang coulera dans le Kurdistan occidental, comme on dit en référence à la Turquie et à l’Irak. Car « nous sommes entourés d’ennemis », dit ce notable de Kobamé.
En prévision de ce conflit, les milices armées se multiplient, comme la brigade Saadec, dont la formation a été annoncée ce jeudi 11 octobre. Elle reste pour l’instant discrète, à peine visible dans les rues, mais bien présente dans l’esprit inquiet des populations de cette région, qui vivent sur le fil du rasoir.