Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
Il n'y a pas un grand enthousiasme en Russie pour la venue de Vladimir Poutine aux commémoration du débarquement allié du 6 juin 1944, qui doivent se tenir ce vendredi en Normandie. Le chef du Kremlin devait-il vraiment répondre à cette invitation, s’interroge généralement la presse. Les médias ont le sentiment que le président russe a été invité à contre-coeur. La France a sans doute fait ce geste pour montrer qu'elle veut garder de bonnes relations avec Moscou et qu'elle ne tient pas tellement aux sanctions.
Un conseiller du Kremlin a même mis en garde le président russe contre un risque d'enlèvement de la part des Occidentaux. Plus sérieusement, le service de presse de la présidence rappelle qu'aucune rencontre n'est prévue ni avec le nouveau président ukrainien Porochenko, ni avec le président américain Obama. Mais dans son interview de mercredi à des médias français, Poutine a dit qu'il était prêt à rencontrer tout le monde.
« Sombres manoeuvres »
Les Occidentaux l’attendent, il est vrai, de pied ferme. La chancelière allemande Angela Merkel menace la Russie de nouvelles sanctions économiques plus dures si elle ne contribue pas à une stabilisation de la situation. Barack Obama dénonce pour sa part l’agression de l’Ukraine par la Russie rappelant « qu’après avoir versé autant de sang et dépensé autant de moyens pour réunir l'Europe, les Américains ne peuvent permettre que de sombres manœuvres du XXe siècle renaissent dans ce nouveau siècle. »
Une agence de presse proche du pouvoir souligne que cette rencontre entre Poutine et les chefs d'Etat occidentaux, la première depuis le début de la crise ukrainienne, est sans doute importante pour le règlement de cette crise, précisément. Poutine est calme et philosophe avant cette mission, explique un journal, tandis qu'un politologue parle d'un « acte de courage politique. »
Ecoutez le Décryptage de la rédaction de RFI à 18 h 10 TU consacré aux relations franco-russes. Nicolas Brousse reçoit Kevin Limonier, chercheur à l’Institut Français de Géopolitique (Université Paris VIII)