L’information fait la Une de la télévision russe. Elle a été commentée par le ministre des Affaires étrangères russe : selon l'employeur des deux journalistes, le site internet Life News, considéré comme proche du Kremlin, Oleg Sidiakine et Marat Saïtchenko sont retenus par des gardes nationaux ukrainiens et ont été soumis à des violences.
De leurs côté, les autorités ukrainiennes affirment que les deux hommes ont été arrêtés avec un groupe de combattants pro-Russes qui préparaient une attaque de l’aérodrome de Kramatorsk.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a exigé leur libération immédiate et demandé l’intervention de l'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe dans cette affaire. L’OSCE, qui, par la voix de sa représentante pour la liberté des médias, Dunja Mijatovic, a envoyé une lettre au ministère ukrainien de l’Intérieur, dans laquelle elle appelle toutes les parties à cesser d’intimider les journalistes et les laisser faire leur travail.
Les forces de l’ordre russe et les membres de groupes paramilitaires pro-russes ne sont pas en reste. Plusieurs journalistes ukrainiens affirment avoir été détenus ce week-end en Crimée. L’un d’eux affirme avoir été battu, son matériel lui a été enlevé. Un journaliste polonais a par ailleurs été retenu pendant plusieurs heures par le FSB qui l'a accusé d'écrire « des textes anti-Russes ».
Sur le terrain
Hier, le ministère ukrainien de la Défense a annoncé la mort d'un soldat dans une attaque au mortier menée par les insurgés près de Sloviansk, l'un des bastions de l'insurrection. A moins d'une semaine de l'élection présidentielle qui aura lieu dimanche prochain, les pays occidentaux restent vigilants. Le ministre de la diplomatie française Laurent Fabius, s'est exprimé, peu avant son départ de Pékin, après quatre jours passés en Chine.
Appel à la grève de l'oligarque Akhmetov
Avec notre correspondant à Kiev, Laurent Geslin
Dans une vidéo diffusée le 19 mai, Rinat Akhmetov, l'oligarque le plus riche d'Ukraine, a appelé les ouvriers du Donbass à cesser le travail ce 20 mai à midi pour dire non à la violence et aux effusions de sang dans l'est de l'Ukraine. Cette prise de position de l'homme le plus influent d'Ukraine en faveur de l'unité du pays est un coup très dur porté aux séparatistes pro-Russes.
Coup dur pour les pro-Russes
Rinat Akhmetov a longtemps gardé une neutralité prudente, se contentant d'appeler au calme et de réaffirmer l'unité de l'Ukraine. Mais depuis une semaine, et alors que les affrontements entre les séparatistes et les forces de sécurité ukrainiennes se généralisent, l'homme le puissant du pays, semble avoir choisi son camp.
Plusieurs milliers d'ouvriers des usines du milliardaire patrouillent dans les rues du grand port industriel de Marioupol. Et les séparatistes pro-Russes semblent avoir quitté la ville. A quelques jours de l'élection présidentielle de dimanche prochain, Rinat Akhmetov a aussi appelé les ouvriers patriotes du Donbass à cesser le travail et à descendre dans les rues à midi pour ne pas se laisser intimider, par « le banditisme » des représentants de la soi-disant République de Donetsk.
L'ancien partenaire d'affaire de Viktor Ianoukovitch, qui s'est enrichi durant le règne du président déchu, n'a en effet aucun intérêt à ce que la région passe sous domination russe.
Appel entendu à Donbass
L’appel lancé par Rinat Akhmetov a été entendu cinq sur cinq. « Pour la paix ! », « Pour le Donbass sans les armes ! », « Pour le Donbass sans les masques ! », c’est sous ces mots d’ordre qu’ont manifesté les employés du groupe SKM du milliardaire ukrainien. Tout comme les supporters de son club de football « Chakhtior Donetsk ».
Selon l’agence UNIAN, plus de 400 sympathisants du club se sont rassemblées au stade « Donbass Arena » à Donetsk pour réclamer que cessent « la terreur et l’effusion de sang » dans la région. Ils ont accompagné les sirènes qui ont retenti à midi heure locale dans les entreprises de l’empire Akhmetov avec tous les instruments sonores dont disposent les supporters dignes de ce nom.
L'ancien partenaire d'affaire de Viktor Ianoukovitch, qui s'est enrichi durant le règne du président déchu, Viktor Ianoukovitch, n'a en effet aucun intérêt à ce que la région passe sous domination russe. C’est la première fois que Rinat Akhmetov s’en prend directement au séparatistes pro-Russes et utilise sa très forte position dans la région pour mobiliser la population contre eux.
A quelques jours de l’élection présidentielle, cela risque d’être un coup dur pour les séparatistes, qui veulent empêcher la tenue du scrutin par tous les moyens.