Elections européennes: le FN caracole en tête des sondages

Dernière ligne droite de la campagne des européennes avant le scrutin de dimanche prochain en France (et dans la plupart des 28 pays de l’Union). Tous les sondages placent le Front national en tête. Cette perspective inquiète les partis « traditionnels », de l’UMP à la gauche communiste.

Deux mois après les municipales, le scénario n’a pas changé : le Front national occupe le devant de la scène médiatique. Sauf qu’aux européennes, c’est bien la première place qui est promise aux listes de Marine Le Pen.

Une perspective « terrifiante » pour Jean-Luc Mélenchon, « le chaos » pour l’UMP Rachida Dati. « Un étonnement planétaire », pronostique de son côté le patron du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis.

Des mots en forme de sauve-qui-peut. C’est panique à tous les étages, et bien sûr au gouvernement. D’où l’offensive en faveur des classes populaires : à une semaine des élections, Manuel Valls promet la sortie de l’impôt sur le revenu pour 1,8 million de personnes, et pas seulement cette année. Une mesure « de gauche », pour tenter de limiter la casse annoncée.

C’est vrai, il y a les sondages, et il y a les élections. Et dimanche prochain, le Front national pourrait pâtir le plus de l’abstention - un nouveau record est annoncé. FN et abstention, les deux symptômes de la défiance des citoyens, à l’égard de la politique, et à l’égard de l’Europe.

Moins d'Europe contre plus d'Europe

Forte de cette conjoncture, Marine Le Pen participait à une réunion publique, ce week-end, de la tête de liste du Front national en Ile-de-France. La présidente du parti d'extrême droite en a profité pour s'en prendre aux « franco-sceptiques » de l'UMP et du PS « qui ne croient plus en la France ». La tête de liste UMP dans la région, Alain Lamassoure, était tout spécialement visé par cette pique, à laquelle il a répondu :

« Je suis fier d'être l'ennemi public numéro 1 pour Marine Le Pen. Parce qu'effectivement, le grand danger pour le Front national et Marine Le Pen, c'est l'Europe réaliste au service de la France que défend l'UMP. Et quand vous donnez des exemples - Airbus, Ariane Espace - qui seraient des accords intergouvernementaux et non de l'Union européenne, la réalité est contraire. Le programme de satellite Galileo, le GPS européen qui va permettre de briser le monopole américain, est financé entièrement par l'Union européenne. La moitié du budget de recherche d'Airbus et de Safran est financée par l'UE. Et la destruction de l'Europe - puisque détruire l'Europe c'est le slogan du Front national - c'est évidemment ce qu'on espère à Pékin, à Washington, à Moscou. [...]»

Dans ce contexte, on le voit, si peu favorable aux formations traditionnelles, difficile pour les têtes de listes de ces dernières de faire émerger un discours convaincant, sur des thèmes de fond, notamment économiques. Alors que la Suisse vient de rejeter le principe d'un salaire minimum identique à l'échelon fédéral, cette idée d'un smic dans tous les pays de l'UE fait débat au sein des partis socialistes européens :

« La question d'un salaire minimum dans chacun des Etats membres, c'est une chose que nous revendiquons comme socialistes français et européens depuis très longtemps, détaille Pervenche Bérès, tête de liste PS en Ile-de-France. En Allemagne, ça a été longtemps un débat. Je constate que Martin Schulz, notre candidat pour présider la Commission européenne a été capable de l'imposer dans les négociations de la grande coalition à Madame Merkel et je lui fais confiance pour être celui d'imposer aussi ce salaire minimum dans chacun des Etats membres de l'Union européenne, à commencer par la zone euro. »

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