Avec notre envoyé spécial à Donetsk, Daniel Vallot
A l’entée du bâtiment, le sol est encore jonché de morceaux de verre, et des pavés qui ont été lancés sur les policiers anti-émeutes dans les couloirs. C’est un va-et vient incessant de miliciens en treillis militaires et de civils venus apporter leur aide.
« Ce bâtiment nous allons le garder nuit et jour ! Et déjà nous avons des consignes pour le ravitaillement. Tout sera organisé ici exactement comme au siège de l’administration régionale. »
Aux étages, certains miliciens pro-russes fracassent les portes des bureaux, et retournent les étagères à la recherche d’armes, qu’ils ne trouveront pas. D'autres préfèrent penser à l’avenir. « Ce bâtiment, disent-ils, ce sera le siège de notre parquet à nous, un parquet indépendant des autorités ukrainiennes. Nous allons avoir notre propre République. Nous allons avoir besoin d’une police bien à nous, une police qui nous servira nous, et non plus les putschistes de Kiev ! »
A l’extérieur, le drapeau russe a été accroché aux côtés de celui de la République du Donbass. Une camionnette diffuse des chants de l’armée rouge. Les militants pro-russes, massés à l’extérieur s’attardent sur les lieux de ce qu’ils considèrent comme une victoire de plus, contre les autorités de Kiev.
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Avec notre correspondante à Moscou, Véronika Dorman
Défilé du 1er mai patriotique à Moscou malgré la crise ukrainienne
Environ 100 000 personnes ont défilé jeudi sur la place Rouge pour la fête du Travail à Moscou, renouant avec une tradition datant de l'Union soviétique en pleine vague de patriotisme en Russie exacerbée par la crise ukrainienne.
Ce défilé des syndicats, sur la place Rouge le jour de la fête des travailleurs, pour la première fois depuis la chute de l’URSS, n’est pas anodin. C’est le couronnement d’une politique active de réhabilitation des symboles soviétiques, dont beaucoup sont nostalgiques aujourd’hui en Russie. Mais c’est surtout l’occasion de mettre en scène un soutien populaire sans failles pour le pouvoir, alors que le pays connait des difficultés à l’intérieur comme à l’extérieur. Le message est simple, comme le clamaient les pancartes brandies par les manifestants : « Je suis fier de mon pays », « Poutine a raison ».
Alors que la Russie s’isole sur la scène internationale, et que son économie est en récession, la cote de popularité de Vladimir Poutine n’a cessé d’augmenter, pour battre tous les records. Plus de 80 % des Russes le soutiennent lui et son action en Ukraine. Le rattachement de la Crimée a d’ailleurs été l’un des thèmes dominants de ce défilé du 1er mai, et des discours qui l’ont accompagné.
Depuis le début de la crise ukrainienne, le Kremlin ne lésine pas sur les moyens pour entretenir et exalter le sentiment patriotique des Russes. Il se trouve que dans la conscience populaire, la grandeur nationale appartient au passé soviétique.