Avec notre correspondant à Vienne, Nathanaël Vittrant
Plus les réunions d’urgence sur l’Ukraine se suivent, plus le ton se durcit. L’ambassadeur américain, Daniel Baer, accuse franchement la Russie de ne pas respecter l’accord de Genève. « Alors que le gouvernement de Kiev a mis en place toute une série de mesures décidées à Genève, la Fédération russe n’a rien fait pour soutenir cet accord. Bien au contraire : nous avons constaté de plus en plus de troubles fomentés par le Kremlin. »
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Une équipe de l’OSCE qui travaille depuis plusieurs semaines en Ukraine sur le thème du dialogue national vient de rendre ses conclusions. Elle propose que l’organisation joue un rôle de médiateur entre Kiev et les populations russophones de l’est du pays lors du processus de rédaction de la nouvelle Constitution.
Incertitude pour les observateurs de l'OSCE
En ce qui concerne les sept observateurs de l’organisation ainsi que la trentaine d’otages toujours retenus à Sloviansk, l’ambassadeur ukrainien auprès de l'OSCE ne croit pas à une libération dans les prochaines heures : « La libération de l’observateur suédois était un signal positif, malheureusement il n’y a pas eu de signes encourageant de Sloviansk ces derniers jours qui pourraient nous laisser espérer un dénouement rapide, estime Igor Prokoptchouk. Et cela montre clairement la nécessité pour la Russie de se prononcer fermement sur le sujet. Voilà ce qui pourrait nous aider. »
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Dans l'est du pays, la situation échappe de plus en plus au contrôle du pouvoir central. Une douzaine de villes sont désormais aux mains des séparatistes pro-russes. Lors d’une rencontre avec les gouverneurs régionaux, le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, a eu des mots très durs à propos du comportement des forces de l’ordre dans la partie orientale du pays. Le chef de l’Etat accuse les forces du ministère de l’Intérieur et les services de sécurité d’incapacité à défendre le citoyens, voire de « collaboration » avec les « groupes terroristes ».
Un rassemblement pour la défense de l'unité de l'Ukraine annulé
Un rassemblement pour la défense de l'unité de l'Ukraine devait se tenir ce soir à Donetsk, mais il a été annulé, rapporte notre envoyée spéciale dans la région Anastasia Becchio. Le risque de provocations de la part des pro-Russes a été jugé trop important.
Les organisateurs de cette manifestation avaient averti sur Facebook qu’il n’était pas sans danger de sortir manifester, mais ils appelaient toutes les personnes de bonne volonté à venir faire entendre leur voix. « On ne peut pas continuer à se taire, on ne peut pas continuer à avoir peur, on doit montrer au monde entier que le Donbass, c’est l’Ukraine », avait expliqué l’un des organisateurs de la manifestation.
Mais quelques heures avant, le parc où devait se dérouler le rassemblement a été bouclé par la police. Pour ne pas aller à la confrontation, le rassemblement a été annulé. Quelques représentants des forces de l’ordre, peu nombreux, restent en faction devant le parc ce soir.
Lundi dernier, une manifestation similaire dans le centre de Donetsk avait été attaquée par des pro-Russes, armés de bâtons, de battes de base-ball ou de couteaux. Une vingtaine de personnes avait été blessée.
La police, elle, s’était trouvée dépassée. Les forces de l’ordre n’opposent quasiment pas de résistance aux attaques des pro-Russes, aidés de miliciens très bien armés, qui continuent de prendre chaque jour de nouveaux bâtiments administratifs dans les villes de tout le bassin minier de l’est du pays. Et la pression devrait aller croissant jusqu’au 11 mai, date à laquelle les séparatistes comptent organiser coûte que coûte un référendum.
Vols d’entraînement de l’armée russe près des pays baltes
Les Etats-Unis ont annoncé aujourd’hui la visite du président Obama en Pologne en juin dans le cadre d'une tournée européenne. Parallèlement, Moscou a annoncé que la Russie va effectuer des vols d'entrainement d'hélicoptères près de sa frontière avec les Etats baltes alors que l'Otan a renforcé ses patrouilles aériennes dans cette zone. Le ministre russe de la Défense a souligné que l'augmentation des activités militaires des Etats-Unis et de l'Otan était « sans précédent » près des frontières de son pays.