Pourquoi canoniser en ce début de XXIe siècle ?
La double canonisation de Jean XXIII et de Jean-Paul II n’échappe pas à cette question sur une tradition qui peut passer pour désuète, voire inutile pour des hommes déjà faits saints par l’histoire et la vox populi. Et puis ce second miracle attribué à l’intercession de Jean-Paul II auprès d’une femme atteinte d’une lésion cérébrale, quel crédit y apporter, surtout quand Jean XXIII en a été lui dispensé ? Enfin, pourquoi avoir associé dans un tandem ces deux papes du XXe siècle ?
Pour légitimes qu’elles soient, ces remarques tombent face à l’enthousiasme des pèlerins, venus en masse du monde entier, de toutes générations confondues, pour cette grande fête de la foi et de l’espérance. Une fête qui n’est pas sans rappeler la gaîté contagieuse des Journées mondiales de la jeunesse.
Il y a aussi les pèlerins plus âgés, notamment ceux venus de la Pologne, qui a affrété des trains spéciaux et des centaines de cars. Ces pèlerins-là sont venus honorer la mémoire d’un pape qui a aidé le pays à se libérer du communisme.
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Certes Jean XXIII, mort en 1963, parle davantage aux aînés, aux Italiens qui n’ont pas oublié leur bon pape Jean. Le pape du terroir aux côtés du pape superstar que fut Jean-Paul II, voilà un choix savamment étudié par le pape François qui « canonise » par cet acte le concile Vatican II. Un concile qui fit entrer l’Eglise en dialogue avec le monde et dont le pape Jean XXIII fut l’audacieux et l’inattendu initiateur.
En ouvrant le concile en octobre 1962, sachant ses mois comptés, Jean XXIII avait lancé le navire pour que les papes qui allaient lui succéder le fassent voguer en haute mer. Jean -Paul II fut de ceux-là, et le pape François est bien un fils de Vatican II, fermement engagé dans la poursuite de l’héritage de ses prédécesseurs qu’il choisit aujourd’hui de proclamer saints pour l’Eglise.
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