Est ukrainien: les similarités avec l'expérience de Crimée

Pour la première fois, la Russie a accepté de participer à un entretien direct avec un représentant de haut rang du nouveau gouvernement ukrainien, que le Kremlin qualifie par ailleurs d’« illégitime ». L’entretien a eu lieu à Genève et a abouti à une déclaration commune des chefs des diplomaties américaine, européenne, russe et ukrainienne, appelant au désarmement des groupes armés illégaux.

Manifestement, Vladimir Poutine souhaite voir se reproduire le scénario de la Crimée. Le déroulement des événements ressemble beaucoup à ce qui s’est passé au début de l’intervention russe en Crimée.

Vladimir Poutine a reconnu ce jeudi que dès le début de cette intervention, les militaires russes étaient bien là. On se souvient parfaitement de mystérieux personnages vêtus d’uniformes sans le moindre signe d’appartenance nationale, mais équipés d’armes et de véhicules militaires que les spécialistes reconnaissaient facilement comme appartenant à l’armée russe.

On voit aujourd’hui exactement les mêmes éléments, que les Ukrainiens appellent ironiquement « les petits hommes verts », déambuler de plus en plus nombreux dans la partie orientale de l’Ukraine. Et, comme lors de l’opération criméenne, Vladimir Poutine jure qu’aucun militaire russe n’intervient sur le sol ukrainien. Il le reconnaîtra certainement, comme pour la Crimée, dans un mois ou deux.

Leçons de Crimée

Les autorités ukrainiennes se trouvent dans un piège. Il n’y a, pour elles, aucune bonne solution. Si elles entreprennent une vraie opération militaire contre les assaillants pro-russes, Poutine risque de sortir son argument – cynique, voire carrément ridicule, mais répété très sérieusement par la propagande russe – de menaces qui pèseraient sur la minorité russe. Sous ce prétexte, il pourrait envoyer l’armée russe sur le territoire ukrainien, officiellement pour « défendre » la dite minorité.

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Maintenant, si les autorités ukrainiennes ne font rien, elles vont être accusées par leur propre population de défaitisme et d’incapacité de défendre le pays. Ces accusations fusent d’ailleurs déjà. Pour l’instant, l’équipe au pouvoir fait ce qu’elle peut. Par exemple, elle sanctionne les militaires qui ont rendu leurs armes aux pro-russes. Mais en général, n’étant même pas sûre de la loyauté de la police et de l’armée dans la partie orientale du pays, elle ne peut pas faire grand-chose.

Le « dialogue » de Poutine

Vladimir Poutine a déclaré : « J'espère que je ne serai pas obligé » de recourir au droit d’utiliser les forces armées russes en Ukraine. Un droit voté par le parlement russe. Le maître du Kremlin a commencé son intervention en appelant au « dialogue », en faisant référence aux pourparlers quadripartites de Genève.

Vladimir Poutine a également exigé des autorités de Kiev des « garanties » concernant les droits des minorités russophones de l'est de l'Ukraine. Il a notamment accusé les dirigeants ukrainiens de commettre un « crime grave » en déployant l'armée pour réprimer les troubles. Il a aussi critiqué le déroulement de la campagne électorale pour l'élection présidentielle prévue en Ukraine le 25 mai en avertissant que, dans ces conditions, il ne reconnaitrait pas la légitimité de cette élection, et donc du nouveau président ukrainien.

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