Avec notre correspondante à Budapest, Florence La Bruyère
En apparence, c’est un triomphe pour Viktor Orban. Son parti de droite populiste, le Fidesz, obtient de nouveau la majorité des deux-tiers au Parlement. L’alliance de l’opposition de gauche récolte 25 % des suffrages, l’extrême droite 20 % et le petit parti écologique LMP 5 %.
Il y a cependant une grande différence avec les élections de 2010. À l’époque, la droite populiste avait décroché les deux-tiers des sièges avec 53 % des voix. Cette fois, elle n’a obtenu que 44 % des voix. Et ce malgré une politique populiste : réductions d’impôts, doublement des allocations de maternité, baisse des prix de l’énergie… Si le Fidesz conserve la majorité des deux-tiers au Parlement, c’est parce qu’il a complètement modifié le système électoral en sa faveur. Ainsi, une partie des votes du gagnant ont été comptabilisés deux fois. Une sorte de bonus au vainqueur.
Autre raison de la victoire de la droite, l’abstention a été importante. L’opposition n’a pas réussi à mobiliser suffisamment ses électeurs. « La défaite est amère », a reconnu Gordon Bajnai, ancien Premier ministre et leader d'Ensemble - dialogue pour la Hongrie, un petit parti membre de la coalition de l'opposition (Alliance pour le changement). « J’accepte les résultats », a déclaré pour sa part Attila Mesterhazy, le président du Parti socialiste. « Mais je ne félicite pas le vainqueur, car les règles du jeu n’étaient pas honnêtes ».
Les quatre années passées, le Fidesz a tiré profit de cette majorité au Parlement pour accaparer toutes les institutions et les contre-pouvoirs du pays, comme les médias et la justice, mais aussi l’économie et même la culture. Une prise de contrôle tentaculaire que ni les manifestations populaires de 2011 et 2012, ni les sévères rappels à l’ordre de Bruxelles ou les critiques en provenance des États-Unis n’ont réussi à brider.
A 50 ans, Viktor Orban accapare presque à lui seul la scène politique de la Hongrie, ancien pays du bloc communiste entré dans l'Union européenne en 2004. Au sein de son parti comme dans l'opposition, aucun adversaire ne semble aujourd'hui en mesure de détrôner « le Roi Viktor », comme titrait récemment le magazine autrichien Falter.