Le rouble est entré officiellement en circulation en Crimée lundi 24 mars, à la grande surprise des banques et des commerces locaux qui continuaient de fonctionner en monnaie ukrainienne. De plus, les banques ont limité des retraits en espèces. Résultat : les roubles étaient déjà acceptés, mais la monnaie était toujours rendue en hryvnias. Le paiement des salaires et des retraites des fonctionnaires en monnaie nationale russe a débuté, lui-aussi, une semaine avant la date fatidique, grâce aux 300 millions de roubles (6 millions d’euros) versés par Moscou. Manifestement, les autorités du territoire ont décidé d’aller vite, mais la tâche qui les attend peut s’avérer compliquée et coûteuse.
La période transitoire
L’adoption de la nouvelle monnaie ne fait pas peur aux Criméens. Cela fait trois fois qu’ils en changent ces vingt dernières années. Après la proclamation de l’indépendance de l’Ukraine et la dissolution de l’URSS en 1991, des « vouchers », une forme de proto-monnaie en contrepartie des biens, ont remplacé le rouble, avant que la nouvelle monnaie ukrainienne se généralise. Et aujourd’hui, c’est au rouble de faire son retour en Crimée.
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Ce n’est pas pour autant qu’il n’y aura pas de problèmes, touchant aussi bien à la vie quotidienne qu’au tissu économique du pays. C’est le cas des commerçants qui devront changer de caisses pour s’adapter à une circulation parallèle des deux monnaies. Des entreprises devront revoir leur système de facturation, leur comptabilité, ainsi que leurs paiements avec les fournisseurs et les clients. Et plusieurs mois passeront sans doute avant que les cartes de crédit ukrainiennes fonctionnent directement en roubles.
Le spectre de l’inflation
La première constatation des Criméens, c’est que les prix des produits de première nécessité ont grimpé, et ceci dès la fin du référendum. Quant aux ménages qui détiennent une épargne ou possèdent une maison en Crimée, ils risquent de voir la valeur de leurs biens se réduire comme peau de chagrin en raison de l’inflation qui touche la Russie. D’après les prévisions du FMI pour 2014, l’inflation pourrait atteindre dans ce pays les 5,7%.
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Notons au passage que les plus avisés, ceux qui ont suivi la dégringolade progressive de la hryvnia, ont depuis longtemps placé leur argent en devises étrangères, notamment en dollars. Ceux-là limiteront les pertes. Les habitants de la Crimée pourront effectuer leurs paiements en hryvnia jusqu’au 1er janvier 2016, ensuite elle devrait disparaître de la circulation, remplacée par la monnaie russe.